59,2
Le Qo’ran n’est qu’un livre.
Isolée terriblement, en la sourate 59, la phrase qui clôt son deuxième verset invite notre intelligence à interpréter les signes qui apparaissent. Elle brille dans la nuit. Aux assassins, elle préfère les saints. La clairvoyance est fruit d’oiseau chapardeur. Je ne sache de lumière qu’intérieure, et incommunicable. Je ne connais pas même la lumière ; il m’arrive d’entrevoir des lueurs. Elles m’aiguillent sur un chemin où je tâtonne dans le silence et une incertitude pulsante.
L’Islam est soumission à Dieu, mais Dieu a voulu que nous fussions libres, comme il a voulu que nous lisions ce livre aussi librement.
Tout appelle la connaissance et la pensée, qui libèrent. Où le goût du savoir, où celui de la quête sans objet productif se transmettent-ils encore? Lisons, commentons, creusons sans fin. Que l’angoisse nous habite à égale proportion du rire, et soit racine de nos gestes. Seule la fièvre de qui va son chemin loin des idées calcifiées et instrumentalisées, mérite notre attention ; seule cette essentielle fragilité permet de décrypter les mots et le monde. Le divin n’est qu’une métaphore.
Un ancien hadith précise qu’un seul homme instruit est plus fort contre le Démon qu’un millier de fidèles.
© Christophe Van Rossom, Le rire de Démocrite