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Archive for the ‘Musée imaginaire’ Category

« Au milieu de ton sommeil, Amour tu formes
Les plaisirs de tes rêves
Avec l’idée de mon plaisir.
Que le ruisseau coule plus lentement
Et que le léger Zéphir suspende aux miens
Ses mouvements. »

Métastase 

(L’Olimpiade, Acte I, opéra d’Antonio Vivaldi, 1734)

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Je ne suis jamais si près d’entendre le chant des Sirènes que lorsque j’écoute sans fin, médusé et jouissant, les vocalises de Marie Laforêt. Avec elle, s’est évanouie dans l’air subtil l’une des dernières déesses, peut-être la toute dernière Reine-Sorcière à avoir foulé de son pied léger, assuré et fou à la fois, notre planète. Je n’ai pas pleuré à la nouvelle de sa disparition ; pour dire le vrai, j’étais alors trop occupé de moi-même ; je me suis senti comme en faute. Un pourceau. Un pourceau sous le tect, aveugle et sourd, fautif de n’avoir jamais donné son attention à Circé. De sorte que voici deux mois qu’il n’est pas un jour sans que je m’efforce de poser des mots sur ce que la beauté surnaturelle et la fantaisie et la tristesse digne dissimulaient. J’y travaille encore ; je ne pense pas arrêter avant que le souffle à mon tour ne me quitte. Je ne m’explique pas pourquoi cet être et cette voix me touchent aussi profond. J’aimerais savoir. Peut-être alors commencerais-je à me connaître, ainsi qu’Ulysse à lui n’advient que grâce aux femmes. Errant parmi les asphodèles, j’éprouve combien le visage d’une païenne splendeur et l’âme catholique de Marie Laforêt me font défaut. Rien n’est plus déroutant que l’absence. Sans nymphe royale, quel sens aurait la terre?

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« Elle ne va tout de même pas inventer des mots comme… harcèlement, ou…  sexuel ! »

 

À la Fromagerie Morel, les relations entre les membres du personnel sont au centre des préoccupations.

Monsieur Morel tance vertement Monsieur Duquesne et le prive de RTT suite à une plainte de Madame Carlotta. À la fin de la saynète, cette dernière se montre très enthousiaste à l’idée d’accompagner son patron en fin de semaine, dans sa Laguna d’occasion. Ils se rendront dans les Châteaux de la Loire ou, mieux, au Mont Saint-Michel…

 

Les Deschiens,

Le Harcèlement,

Années 990 du dernier millénaire.

 

 

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Pieter de Hooch, Intérieur avec un jeune couple, Metropolitan Museum, New York

Pieter de Hooch, Intérieur avec un jeune couple (1663-65),

Metropolitan Museum, New York.

 

Il suffit d’écouter, car l’oeil écoute, oui, Claudel.

Tout le tremblé d’une seconde résonne, là. Pieter de Hooch est le théoricien génial de l’ailleurs-ici. Ses oreilles perçoivent des fréquences imprévues. Son pinceau les note. Le quotidien, ici, se recompose vie ailleurs. La parole est présente, mais elle ne circule pas forcément entre les êtres. Où rencontre-t-on des hommes et des femmes capables de converser, d’aimer, de bâtir? Je veux dire, de bâtir la fiction de l’échange, la fiction de la communauté?

Je ne sache pas de meilleur commentateur de l’oeuvre du peintre hollandais que l’écrivain belge Jacques Cels. Dans son roman Le dernier chemin (2006), un mystérieux captif s’interroge. Qu’en est-il de la clôture et de l’ouverture? De l’intérieur et de l’extérieur? Nos vies ne seraient-elles pas que dialogue constant entre ces deux principes? (suite…)

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Mireille Darc, dans Les Barbouzes (1964)

Grâce haute et claire, évadée
D’une existence grise à elle promise,

L’Ange au sourire de Reims
A rejoint la beauté –

Beauté fraîche, neuve,

Élancée, insolente sans bruit,

Blonde décidément,

Indomptée, amoureuse, complice,

Femme heureuse s’aimant femme,

Profondeur et joie,

Don n’attendant nul retour,

Cœur fragile battant à son rythme délicat,

Chaleur et sourire,

Rire merveille, rire lumière

Au milieu des hommes lourds, spirituelle

Étincelle, allumant incendies nombreux,

Justesse, force singulière et

Attention subtile à autrui

Jusqu’au bout

– Une beauté
Angéliquement inventée,

Allant son chemin.

Nous avons besoin de semblables exemples

Pour tenir.

À la douceur chinoise de tes traits,

À ta voix caresse,

Éloge ;

À ton inoubliable silhouette,
Salut,
Salut amoureux, forcément.

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Côté Jardin, un centaure ithyphallique, très généreusement doté. Il est casqué et armé. Il est en guerre. Son oeil semble projeter un rayon conique vers la gauche.

Côté Cour, un œil d’Horus lui fait face. S’y trouve perché un oiseau qui picore, queue en l’air. Sous l’oeil, un scorpion géant fait face, est-ce à un serpent redressé. Le reptile est créature de connaissance. Il connaît car il vient d’en-dessous, des inferii.
Je discerne en outre des lettres, que mes vagues connaissances en épigraphie ne me permettent pas d’interpréter. Il y a du latin, mais aussi du grec.
Au-dessus, un lambda peut-être, un A et un un L. L’inscription est interrompue par la tête du centaure, dont l’oeil visible est surdimensionné. On s’aperçoit aussi soudain que la patte antérieure gauche du centaure s’apprête sans doute à écraser le scorpion, cependant qu’il frappe nettement de sa lance l’œil d’Horus.
Dans le coin supérieur gauche de l’inscription, on distingue enfin un E suivi par un R.
L’on ne se met à voir que progressivement, dans la lenteur. Puis, les images continuent à forer au-dedans, titillant, inquiétant, fascinant. Plus lentement encore, elles entrent dans l’espace où la mémoire joue avec l’imagination.
L’oeil qui voit et alerte est toujours menacé. On veut le rendre à sa cécité antérieure. Qui sait est toujours menacé. Un jour, en fin de matinée, j’ai vu une pomme verte à Marsaxlokk. C’était jour de marché. Combien de fois pouvons-nous prétendre avoir vu et compris au cours d’une vie? Qui voit et comprend comme Homère?
Je donne ce rébus pour toutes les images surréalistes.

©Armes & bagages, à paraître.

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Danielle de Niese en Cléopâtre

Cléopâtre, dans Giulio Cesare de Haendel, en 2007

 

Le chant sauve. Il y a donc lieu de saluer passionnément ceux et celles qui chantent.

 

La beauté aime la beauté. Le don appelle le don. Le Temps resplendit.

 

Avez-vous entendu chanter et vu chanter Danielle De Niese? Un dictionnaire vous est-il utile pour saisir le sens du mot enchantement?

(suite…)

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Vénus de Chauvet (-30.000)

Au 16ème millénaire avant notre ère, la scène du puits, dans les tréfonds de Lascaux, nous place face à nous-mêmes, dans l’énigme. Nous ne laissons pas d’être sidérés. Une sorcellerie propitiatoire puissante, née des formes, du désir et du fantasme est à l’œuvre. Les grandes chasses peuvent commencer. Nous nous tenons face à l’impossible, mais voici que l’impossible se trouve figuré. (suite…)

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Louis Jourdan et Caroline Cartier, dans Plus ça va, maoins ça va (1977), de Michel VianeyCaroline Cartier et Louis Jourdan, au bord de la piscine,

au bord du gouffre

Me hante la figure de Louis Jourdan grimé en clown durant la longue party nocturne que filme Michel Vianey dans Plus ça va, moins ça va (1977). On peut penser que son enlisement dans les eaux tièdes d’une piscine du Midi constitue déjà un adieu. Le cul de la jeune starlette incarnée par Caroline Cartier est désormais l’unique passion. (suite…)

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Fritz LANG, METROPOLIS (1927)

Metropolis (1927), de Fritz LANG

J’enseigne l’histoire des littératures et l’histoire du cinéma. Je me livre à une activité de plus en plus coupable : rappeler aux hommes et aux femmes de ce XXIème siècle qui ils sont et d’où ils viennent. Ils n’est pas sûr qu’ils aiment cela. Il n’est pas acquis qu’un coup d’arrêt ne soit bientôt donné à une semblable transmission. 1927 est l’année de publication de Sein und Zeit de Martin Heidegger. L’art porte témoignage, l’art est la seule mémoire. Il se trouve que chaque figurant choisi pour cette scène a fait l’objet d’une audition séparée. Pour Lang, il fallait que chaque comédien fût pleinement individu singulier. Nous ne voyons pas les visages. Nous discernons des nuques ployées. Cela entre et sort de façon synchrone. Nous nous contemplons dans la même lâcheté et la même peur. Nous préférons l’air usiné où nos corps servent des machines aux vents du monde extérieur. Le silence règne. Un ouvrier tombe, le voilà aussitôt remplacé. L’horloge domine. Moloch règne. Partout.

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