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Posts Tagged ‘Temps’

Tik Tok est apparu en Occident pendant la crise du COVID et sa double période de confinement.

Tik Tok est né en Chine. Cette plateforme de socialisation prône le règne absolu de l’instantanéisme, vide de toute autre pensée qu’adoubée par un pouvoir non-démocratique et hyper-autoritaire. Précisons, si besoin est : la Chine n’entend qu’une chose : imposer la soumission à ses habitants. Notamment par la peur de ce qui advient si l’on n’obéit pas de façon synchrone.

D’où s’est échappé le virus du COVID 19?

Comment doit-on analyser la guerre russo-ukrainienne aujourd’hui? Pourquoi?

Est-il encore possible, après 2020-2022, d’enseigner aux jeunes à penser dans ces conditions – à des jeunes gens qui ont été privés de liberté et largement laissés à eux-mêmes pendant deux ans et demi -, cependant qu’auparavant la religion composite et binaire autoproclamée woke, en pleine montée en puissance, rendait déjà tout précaire et difficile à l’extrême?

Où en sommes-nous avec le temps, Monsieur Gide?

Armes & bagages, à paraître.

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With love

Roberto Calasso, prosélyte de la littérature absolue, exégète le plus averti qui soit de la longue histoire de l’esprit en ses manifestations sacrées et esthétiques les plus élevées, nous ayant quittés ce 28 juillet, je crois pouvoir affirmer que seul un panthéon pourrait encore nous sauver. Oh! Puisse-t-il avoir laissé savamment, subtilement, élégamment décantés, quelques signes – quelques feux pour scruter dans la nuit, à l’image de tous ceux que cet aristocrate florentin interpréta, afin que nous ne perdissions pas totalement la raison entre les murs de fer du Labyrinthe!

Il nous faudrait en cet instant la délicatesse d’une Cristina Campo pour rendre compte et de la perte sensible que sa disparition représente pour tous ceux qui le lisaient et aimaient sa pensée exigeante, sa prose élevée, en même temps que l’incendie de dizaines de bibliothèques que sa mort signifie désormais pour les lettrés de cette planète.

Écartées, les grandes fêtes votives, sacrificielles – où le numen terrible, joyeux ou libérateur se manifestait – ont fait place à la festivité régressive permanente, insignifiante, insensée, mais, pire, à une culture de l’annihilation et au réveil massif de néo-humains lobotomisés fonctionnant de manière synchrone, post-apocalyptique, en un innommable actuel, où le nombre de la Bête, déchiffrable sans efforts, a terrassé la difficile lettre des scribes. 

Le temps des hiérarques est consommé. Sacrifiant le Sacrifice au grand Baal social, nous avons tout perdu et nous-mêmes au premier chef. Calasso ne cessa de nous mettre en garde depuis La Ruine de Kasch. La tristesse étend ses ombres inexorablement. Je n’entendrai plus jamais l’écrivain de L’Ardeur proférer de vérité vivante, éclatante, révélatrice. Je ne le verrai plus presser les textes védiques afin d’en recueillir le soma. Je ne l’entendrai plus ni rire ni se pencher avec attention en direction de son interlocuteur pour creuser la question qui le passionnait, le passionna jusqu’au bout : où donc nous mènerait ce cheminement dans le Temps, toujours davantage en amont de l’amont – sinon en ce point peut-être où nous pourrions apercevoir, à la faveur d’un éclair, le moment tragique qui correspondit à « la migration des dieux »?

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Jamais en ce temps de ruine, ne fut plus généreuse voix, plus abondant torrent de poèmes ; jamais de meilleur maître : de ceux qui, impassibles, émancipent leurs élèves ; jamais de plus attentif ami ; d’oreille plus subtile à la musique savante, ni esprit plus lettré, plus curieux, plus encyclopédique ; jamais, plus salubres colères n’éclatèrent, plus justes émerveillements fusèrent, si vertigineux effrois ne se formulèrent qu’en ses livres… Non, jamais. Pour ceux qui le connurent, pour ceux qui sont appelés à le découvrir, attention : choc! Appel ou rejet, peu importe, car le levain en eux aura commencé à monter. La grande poésie ne transige pas : elle nous requiert tout entiers. Et tant pis pour les cons, et tant pis pour les pisse-froid, les donneurs de leçons. Ils demeureront de côté, à côté, sans rien voir ni entendre… Méditant ou éveillé, Maître Crux nous tient à l’oeil, cependant que Devline joue de ses surins. Impossible à cantonner dans quelque réserve que ce soit, l’Indien de la Gare du Nord ne nous a pas quittés. Il est toujours là, oui, afin que, de leurs splendides percussions, les tambours de guerre éteignent les hideux gémissements prosaïques et appellent à résister aux ordres nouveaux d’un temps proche qu’il n’hésita pas à nommer avec son audace coutumière : New Auschwitz. – Il y a six jours, Jacques Crickillon, poète des territoires de nuit et ascensionniste de l’impossible a rejoint la pointe la plus extrême des hauts du haut de l’Our. Aucun de ses partisans n’est prêt à déposer les armes.

Pour Jacques et Ferry, pour tout ce qu’ils ont incarné et continuent de représenter, d’élevé, d’élevant, il y a dix ans environ, j’avais donné ce texte, cette fable, ce portrait du poète…

Conte

            Avec les mots et les couleurs, il tutoyait le vertige. Jamais il ne fut autre qu’appel et réponse à l’appel. Il se nourrissait frugal de montagnes et de mondes.

            Sa vie, un puits. Enfance est le nom de l’eau saumâtre où profond descend le seau que recouvre la rouille des songes et des royaumes. Chaque mot a un prix qui se monnaie en sang et en insomnie infinie.

            Il parle. Jaillissent les audaces et portent les coups de couteau. Une femme surgit de la nuit, dans une musique de vent et de feu.

            Les territoires noirs et verts du Texte sont éclairés soudain par une torche vive à tous vents opposant ses défis. Le Prince nomma sa muse. La voix vatique avec lui persistait. Orage et éclairs, son œuvre et ses mots. Pas de concession, ni avec la Mort vivante ni avec la mort venant.

            Poète est le nom du Vif au pays des zombies ; poème, le nom clandestin de l’épée que les imbéciles croient enclavée.

            Ses cercles n’éclairent pas, ils murmurent de vulnéraires prières. Sur toutes zones perturbées, toutes zones turbulentes, il régna en anarchiste amoureux d’ordres anciens ou à venir. Sous les pierres, cela chante lorsque l’amour éclaire. Lorsque l’amour à ce point scintille, l’ange noir recule et dans la réserve demeure, indécis. La beauté est semblable aux miettes de pain que Poucet sema derrière lui ; la force réside dans une lame que les ans ont forgée et que l’on ne peut faire danser élégamment qu’au sein du seul. Le saint guerrier en prière sur les hautes et désertes terrasses, c’est lui, dont je veux taire le nom ici, mais que j’honore au temple pèlerin du Temps.

© Christophe Van Rossom, Le rire de Démocrite, La Lettre volée, Poiesis, Bruxelles, 2012.

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« Je n’ai vu monstre et miracle au monde plus exprès que moi-même : on s’apprivoise à toute étrangeté par l’usage et le temps ; mais plus je me hante et me connais, plus ma difformité m’étonne, moins je m’entends en moi. »

Montaigne

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« L’immobilité m’a apporté ce que le voyage ne me procurait plus. Le génie du lieu m’a aidé à apprivoiser le temps. Mon ermitage est devenu le laboratoire de ces transformations. »

Sylvain Tesson

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« Chaque goutte du temps qui s’écoule me semble aussi précieuse qu’une gorgée de bon vin, et j’ai perdu presque tout intérêt pour la dimension spatiale des choses. »

Yukio Mishima,

Lettre à Yasunari Kawabata du 6 juillet 1970

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Ce que l’on revoit, n’est jamais ce que l’on a vu. Ou, pour dire les choses plus clairement, on ne voit que dans le passé. Ou encore, pour dire selon mon errance dans les mots, on ne voit que dans le Temps.

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Pieter de Hooch, Intérieur avec un jeune couple, Metropolitan Museum, New York

Pieter de Hooch, Intérieur avec un jeune couple (1663-65),

Metropolitan Museum, New York.

 

Il suffit d’écouter, car l’oeil écoute, oui, Claudel.

Tout le tremblé d’une seconde résonne, là. Pieter de Hooch est le théoricien génial de l’ailleurs-ici. Ses oreilles perçoivent des fréquences imprévues. Son pinceau les note. Le quotidien, ici, se recompose vie ailleurs. La parole est présente, mais elle ne circule pas forcément entre les êtres. Où rencontre-t-on des hommes et des femmes capables de converser, d’aimer, de bâtir? Je veux dire, de bâtir la fiction de l’échange, la fiction de la communauté?

Je ne sache pas de meilleur commentateur de l’oeuvre du peintre hollandais que l’écrivain belge Jacques Cels. Dans son roman Le dernier chemin (2006), un mystérieux captif s’interroge. Qu’en est-il de la clôture et de l’ouverture? De l’intérieur et de l’extérieur? Nos vies ne seraient-elles pas que dialogue constant entre ces deux principes? (suite…)

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« Le temps n’a pas d’importance. Sauf en grammaire »

Jacques Cels

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Septembre, longue dépression, longue pénitence, veille sombre. Et la situation, appelée à empirer. Et les bas consensus ; et les silences maudits!

Monde déshumanisé qui déchires la chair tendre et  la pensée généreuse comme chiens de guerre les hommes en sang,

Monde-Moloch, qui foules au pied l’intelligence et le savoir, me détournant de ta barbarie,  je ne trouve plus d’allié sur le chemin du maquis.

Des ossuaires, des tumulus, monuments d’anciennes batailles et de glorieux combats, scandent la route. Je puis encore déchiffrer des noms, des titres de gloire. Ils scintillent comme étoiles dans le noir cosmique. Le froid ne givrera pas mes pas. Il faut que je progresse. Ô l’ascèse difficile pour accéder au Temps!

 

© Christophe Van Rossom, Armes & bagages, à paraître.

 

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