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Archive for mars 2016

La Justice d'Othon, de Thierry Bouts

La Justice d’Othon (vers 1473), de Dirk Bouts

J’apprends ce matin, au détour d’une rubrique nécrologique, le décès de l’un de mes maîtres les plus savants et les plus doux, l’un de ces hommes sans qui je ne serais pas l’être que je suis devenu. Paul Philippot n’est plus. Le matin du 15 janvier dernier, il a préféré prolongé son rêve d’art et de renaissance toujours florissante.

Bien que je n’aie pas été de ces proches, le ventre me serre tandis que je lis l’hommage que l’ICCROM lui consacre, mais surtout les très belles lignes que lui dédient Thierry Lenain et Didier Martens, ainsi que Brigitte d’Hainaut-Zveny, sur le site Koregos.

Il fut, à l’Université, l’une de mes rares respirations, et, assurément, la source de connaissance sensible la plus incontournable. Non seulement pour pouvoir suivre ses cours, mais aussi pour avoir le bonheur de dialoguer avec lui, je sollicitai de la part du recteur une dérogation insolite : celle de passer la majorité des examens de mes cours à option, non pas dans la section où j’étais inscrit, mais en Histoire de l’Art. Je voulais être jugé à l’aune de ce que je valais par qui me semblait le plus digne de m’y juger. (suite…)

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Les Notes de chevet, de Sei Shônagon

Choix de textes & lectures d’Émilie Pothion,

précédé par une présentation de l’auteur

par Christophe Van Rossom,

À la Librairie Quartiers Latins,

le samedi 26 mars 2016, à midi.

 

Sei Shonagon (encre) 

Sei Shônagon (encre)

 

 

Sans doute la liste est-elle la forme la plus archaïque de la littérature. Si on la considère pour ce qu’elle fut, originellement et durablement, depuis qu’elle est née quelque part entre le Tigre et l’Euphrate, l’écriture inventorie, classe, trie, biffe et ajoute, ordonne et formule. Avant même de nommer et de hiérarchiser les dieux, elle dénombre les bœufs, les ânes, les moutons et les esclaves.

En 2009, Umberto Eco a préfacé et commenté un beau volume anthologique, remarquablement illustré, intitulé Vertige de la liste. Il y démontre la permanence du genre dans toutes les cultures. Il en distingue les carrefours et les évolutions, parfois surprenantes.

Les Stoïciens, comme les Épicuriens, la pratiquaient comme un art de voir clair en eux. Ritualisant chaque acte de notre existence, les Brahmanas sont de fastidieuses, interminables et cependant indispensables listes. Dans la Chine ancienne, avant l’abbé Kenko, au Japon, Li Yi-chan nous propose la plus incongrue collection de notes qui soit. Dans son Gargantua, Rabelais, grand amateur du procédé, énumère, comme on sait, une trentaine de manières de se torcher le cul, avant de dresser l’inventaire le plus complet que je sache des couillons dans le Tiers Livre. Plus proches de nous, dans Le Chiffre, Borges rappelle subtilement à quel point Les Notes de chevet comptent pour lui. Caillois écrit pour donner à l’univers entier son Tableau de Mendeleïev. Aujourd’hui, dans ses Petits Traités comme dans Dernier royaume, aussi bien que dans ses romans mêmes, Pascal Quignard confesse sa dette envers la Japonaise et cite fréquemment son œuvre et son nom. (suite…)

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[En réponse à une autre question ouverte]

 

Il n’y a ni sujet, ni matière.

Une table, une chaise, une voix qui va. Cela suffit. Le tableau est un luxe. Soudain, le Social est mis entre parenthèses pour une circulation qui n’a rien de mécanique.

Le sommeil est merveilleux, mais l’éveil, lorsqu’il survient, et que les yeux répondent à toutes les sollicitations qui lui assaillent la rétine, est l’unique miracle proprement humain. Je songe à l’œil qui s’ouvre au début de chaque épisode de la série gnostique Lost.

Un homme se présente devant ses semblables. Leur âge n’importe pas. Il leur tend la main. Leur propose une transaction. S’ils acceptent, l’échange, la transmission, la conversation, le débat, la rencontre, deviennent possibles. La chose est assez rare pour qu’on la souligne. Où, sinon dans certaines classes, à de certains instants, est-elle encore imaginable? La joie d’apprendre peut alors rayonner, quoi qu’il se passe au-delà des fenêtres et de la porte de l’amphithéâtre. Pas de flics à La Sorbonne! Comprenons : aucune sorte de police, l’uniforme en serait-il séduisant. Le maître apprend autant que l’élève, car la parole qui se déploie simultanément pense, mieux, peut-être, qu’à tête froide, ainsi que le notait Kleist. Rien ne doit y être assujetti à une autre injonction que le plaisir de se retrouver , ensemble, pour que s’affûtent davantage les sens, le goût et l’esprit. Tous les ordres extérieurs sont priés de demeurer à l’extérieur. L’idéologie est la seule étudiante à qui je refuse l’accès à mes locaux. (suite…)

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« L’enfance, c’est un mythe qui prend sa source dans l’illusion de la sécurité… C’est un luxe qu’on ne peut plus se permettre. »

Robert Kirkman,
The Walking Dead

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