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Archive for septembre 2016

« La liberté est devenue le mot le plus prostitué de l’histoire des mots et l’Occident est son meilleur client. La liberté est la providence des fainéants, des parasites, des escrocs, des lâches, des mendiants, des médiocres, des assistés, des irresponsables et des dominateurs. La liberté est aujourd’hui, dans nos sociétés vermineuses, l’objection majeure à la liberté de l’esprit. Dans nos démocraties à genoux, la distribution de la liberté s’ordonne comme autant d’éléments épars d’un conditionnement global. La liberté pratiquée par des peuples ou des individus dont la vie intérieure n’est plus rien, sinon l’entonnoir par où s’engouffre la pléthore des invitations à n’être effectivement rien, tout ce que l’imagination moderne produit, à profusion, comme techniques de déliquescence, cette liberté-là a cessé d’être le modèle sur lequel eût pu se fixer le regard des enchaînés, en pays totalitaire. »

Marcel Moreau, Monstre (1986)

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Il faut prendre M.G. Dantec au sérieux. Jusque dans ses excès ; jusque dans ses travers. Et il faut le faire car, dans le monde bien tranquille des lettres françaises, Dantec oblige à repenser de fond en comble le rapport de l’écrivain au monde, en fonction des mutations que celui-ci a subi sur les plans technologique, scientifique et géopolitique.

Parfaitement inclassables, les pavés de Dantec ne gênaient pas tant qu’il se contentait de brouiller les cartes dans le domaine du polar (avec La Sirène rouge ou Les Racines du Mal) ou de la S-F de tendance cyberpunk (avec sa nouvelle Là où retombent les Anges, que reprend notamment Périphériques, ou son monumental Babylon Babies). Mais depuis la publication du Théâtre des Opérations, son journal métaphysique et polémique, qui compte à ce jour deux volumes, l’homme, en exil volontaire au Canada depuis la fin du siècle passé, n’hésite plus à ruer dans les brancards, en théorisant son activité comme un art de la guerre destiné à tout remettre en cause et à tout attaquer au besoin. « Nous avons oublié que le mot style venait d’un synonyme de poignard. Il faut refaire du français une langue de guerrier, un jeu d’escrime, un art martial. Un écrivain est un tueur. Sinon… qu’il peigne des aquarelles. », grogne-t-il ainsi dans le long entretien qu’il accorde à Richard Comballot, le maître d’œuvre du volume de mélanges que publie Flammarion. (suite…)

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On ne tapine pas avec l’humour.

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« L’homme hait l’homme. La haine est le lien le plus fort entre les hommes : c’est la revanche de l’individu contre les liens du collectif »

René Daumal

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Hommage à Marcel Moreau, à la librairie Quartiers latins, à midi, ce samedi 17 septembre 2016, à la faveur de la parution de son livre Un cratère à cordes. L’auteur s’entretiendra avec Christophe Van Rossom. Des lectures, effectuées par mademoiselle Émilie Pothion, viendront ponctuer cette rencontre.

 

« CORPS VERBAL dans CORPS CHARNEL, indissociables, écrivant ici présentement d’une  même main, au bout d’une bousculade d’impulsions dans le plus « pur » style des retournements d’entrailles, un LIVRE, après tant d’autres, d’égale mordacité, mais celui-ci, peut-être, peut-être, ayant en plus de vouloir dire quelque chose d’inouï, avant sa Mort, chtch, chtchchtch « 

 

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Marcel Moreau, vu par Sandrine Lopez, Paris, 2015.

 

« CORPS comme se « fanatisant » soudain de mots intraitables, à cette différence près que lesdits mots sont d’essence libertaire, tels les éléments d’une transcendance ne tenant pas en place, et calibrés pour s’opposer sans nuance au vocabulaire carcéral des discours concentrationnaires, pas si rares que ça si l’on songe aux faibles d’esprit qui trouvent matière à s’en fasciner durablement. »

 

Renvoyant dos à dos systèmes et idéologies, et vitupérant avec style contre les institutions qui affadissent, avachissent et neutralisent, l’œuvre violencelliste de Moreau semble l’expression toujours renouvelée d’un individu soucieux de convertir le tout de la chair en verbe, et de faire de ce verbe l’occasion d’une insurrection vibrante de la chair. Cherchant sa vérité dernière dans les tréfonds et les failles, si elle s’est longtemps définie comme un inhumanisme, peut-être cherche-t-elle davantage aujourd’hui à rendre à l’homme ce qui lui manque le plus : la volonté lyrique d’en être vraiment un, quand bien même ses secondes seraient-elles comptées. (suite…)

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