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Posts Tagged ‘liberté’

Tik Tok est apparu en Occident pendant la crise du COVID et sa double période de confinement.

Tik Tok est né en Chine. Cette plateforme de socialisation prône le règne absolu de l’instantanéisme, vide de toute autre pensée qu’adoubée par un pouvoir non-démocratique et hyper-autoritaire. Précisons, si besoin est : la Chine n’entend qu’une chose : imposer la soumission à ses habitants. Notamment par la peur de ce qui advient si l’on n’obéit pas de façon synchrone.

D’où s’est échappé le virus du COVID 19?

Comment doit-on analyser la guerre russo-ukrainienne aujourd’hui? Pourquoi?

Est-il encore possible, après 2020-2022, d’enseigner aux jeunes à penser dans ces conditions – à des jeunes gens qui ont été privés de liberté et largement laissés à eux-mêmes pendant deux ans et demi -, cependant qu’auparavant la religion composite et binaire autoproclamée woke, en pleine montée en puissance, rendait déjà tout précaire et difficile à l’extrême?

Où en sommes-nous avec le temps, Monsieur Gide?

Armes & bagages, à paraître.

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La culture néandertalienne se déploie sur 150.000 ans. Si l’on considère que la nôtre naît avec l’écriture ou les villes, on peut la faire remonter à 6000 ou 8000 ans, 10.000 ans, peut-être, si l’on ergote. Si l’on tient que c’est avec la Renaissance que naît un embryon de civilisation occidentale, nous nous sommes efforcés de créer une modalité de vie en commun et de pensée à peine âgée de quelques siècles. Qui sommes-nous pour asséner des leçons? Manifeste-t-on une pensée, une imagination, une créativité plus vaste que les premiers Sapiens Sapiens, les Neandertal ou les Denisova?

Que l’on me donne le nom d’un homme d’aujourd’hui qui a vu le tonnerre frapper la terre, puis un bûcher se déclarer, non pour reculer, comme la masse épaisse, mais pour approcher son bras audacieux du feu et en retirer une branche encore enflammée et la brandir haut, en riant? Savez-vous que ce geste improbable, Prométhée n’étant encore qu’une vague possibilité au sein des limbes quantiques, nul dieu ne hantant le ciel, nul de nos semblables n’arpentant la savane ou les vallées, Ergaster, notre lointain cousin, l’a tenté il y a 500.000 ans, sinon davantage, sur le sol de la superbe Afrique?

Considérer les choses avec humanisme, c’est-à-dire avec perspective, c’est-à-dire avec une connaissance lettrée, archéologique ou paléontologique du passé, nous invite à quelque leçon d’humilité? Nous rapproche de cette terre ardente où le ciel se reflète dans les eaux, et que, éphémères et point trop mécontents d’une métropole crue moderne, nous oublions du soir au matin. Nous écartons de nos rêves. À moins qu’un orage, une tempête, un tremblement de terre, une éruption volcanique, nous rappelle soudain à un ordre, un κόσμος qu’aucun de nos lointains aïeux ne perdait de vue une seule seconde.

Adonis, Orion, Actéon, Narcisse : tous punis! La raison officielle, soit la raison du plus fort, soit celle des dieux, de la religion, active ou devenue lambeaux de mythes, les désigne comme coupables de blasphème. Nemrud sera semblablement puni, avec une atroce perversion, par le dieu vétérotestamentaire. Avant de devenir guerrier et roi, avant qu’il s’engage à rallier les navires d’Agamemnon afin de détruire et piller la ville de Priam, Ulysse était célébré par les siens comme le plus habile chasseur d’Ithaque. La tension de la corde de son arc l’atteste pour l’éternité.

J’avance l’hypothèse étrange que les châtiés se comptent tous au nombre des plus valeureux chasseurs de leur temps. L’arc et la vie ont heureuse consonance, oui, Héraclite aux ongles brûlants, brûlés. Guetteurs et veilleurs, protecteurs du clan et nourrisseurs, traqueurs de traces et conteurs et inventeurs. Tels furent les chasseurs, nos devanciers remarquables. Face à eux, nous ne sommes que piètres petits joueurs de billes. Les modèles à méditer s’effacent, dont nous n’avons d’ailleurs que superficiellement effleurer les récits. Jusqu’à une époque proche, l’on réécrivit systématiquement ces mythes, les adaptant à la tolérance du clergé du jour. La violence des provisoires vainqueurs de cause sans substance est dans nos murs. La Loi et la Religion rôdent en nos rues. La guerre civile mondialisée a lieu sous nos yeux, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Plus rien ne témoigne de l’ordre secret du temps que je signale. La liberté est une venaison à point rôtie dont nous n’avons nulle idée de la saveur.

Les veilleurs manquent, oui. Les scribes mémorieux. Nous sommes incapables de formuler le nom d’un seul chasseur. En quel âge de l’être vivons-nous?

© Armes & bagages, à paraître.

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« Puisque nous sommes dans le pays où la liberté est égale à la fraternité, laquelle n’est comparable qu’à l’égalité de la légalité, et que je ne suis pas capable de faire comme tout le monde et que cela m’est égal d’être égal à tout le monde puisque c’est encore moi qui finirai par tuer tout le monde, je vais me mettre esclave, Mère Ubu ! »

Alfred Jarry, Ubu enchaîné (1899)

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Le destin de toute bulle, si belle soit-elle, est d’éclater. Ô la liberté de l’air, rare bien encore commun à tous!

Le nom secret du Paradis est : le lieu merveilleux dont on est chassé. Homme signifie expulsé. Nous allons sans rien savoir que cette fatalité. Mais nous ne parlons pas sans pouvoir déjouer la laideur et la bassesse, et il n’est qu’un peu d’audace nécessaire pour parler haut dans l’agora, où les femmes sont belles et le parfum des fruits enivrant.

Ainsi songeait confusément le jeune Épiphane, fils de Carpocrate, un rouleau à la main, le jour inaugurant sa seizième année, cependant qu’il examinait avec intensité les eaux qui s’étendaient, multicolores, sous son regard.

 

© Christophe Van Rossom, Armes & bagages, à paraître, 2020.

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Lundi soir, pas à pas sous la bruine, fous et malheureux errent, stagnent sur le pavé de l’humide Bruxelles. Je vois des êtres sans présent voués à un long enfer et une foule immense de touristes jouir de leur prison présente de pure pacotille. – Lesquels envier? Où que se porte mon regard, je vois les inégalités ne pas se donner la main.

Saloperie! Tu t’étais pourtant juré de ne pas t’avancer sur ce terrain-là, hors de portée des mots!

Sous son bonnet bleu nuit, je vois, j’entends un homme sans âge ronfler très fortement, assis dans la salle d’attente de la Gare Centrale. Une femme tricote sans laine. À ses pieds, sur un maigre sac, on peut déchiffrer le mot Liberty. Il y a un autre homme, très sale, incapable de se tenir assis, tout tordu littéralement, à un siège d’écart de deux Flamandes bavardes.

De plus en plus souvent, chacun croise dans les rues des gens qui parlent à voix dépenaillée. Je vois la douleur et l’abandon dans cette parole vacante et qui ne hèle personne. Il y a toutefois aussi des aboyeurs très rudes, très rauques, de tous horizons. Ils vous interpellent pour Dieu sait quoi, de l’abîme où danse leur raison.

De l’autre côté, se tient une barbe rectangulaire qui contemple sévèrement ce spectacle. La fraternité est un vain mot et sa signification s’est déjà avérée dangereuse. Plus d’une fois. Pas davantage que moi, il n’est en mesure d’agir face cette addition de misère. – Comment, d’ailleurs? Mais a-t-il perçu les mêmes vibrations que moi ; et quelles conclusions en tire-t-il?

Oserais-je écrire, sans que le désir me vienne que l’on me crache au visage, qu’il est des phrases qui pensent aux gens de rien et de nulle part, et qu’elles ne cessent de méditer notre avenir commun?

Ce peu est mon écot à la souffrance qui croît.

Arrête, arrête ce jeu, tu pues la damnation!

 

© Christophe Van Rossom, Armes & bagages, à paraître, 2020. 

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D’un côté, la Folie siffle, la Mort sifflote de l’autre.

S’éloigner de ce monde flasque dont la protéiforme et rhizomateuse veulerie rend malade. Oublier quelques heures ce monde vulgaire, obsédé, brutal, implacable, redevenu sauvagement néolithique.

Quelles portes ma lâcheté me laisse-t-elle? Y en a-t-il? Oui, je le crois.

Je lis ; je m’efforce de laisser de la place à la musique pour m’irriguer tout entier ; je contemple des tableaux. Je ferme les yeux, me donnant pour tâche d’aller là où je deviens inaccessible. Je songe au Paradis, je le caresse du bout des doigts.

Mais force est de constater que j’achève mon existence dans un monde perdu. Lettré, je me trouve sans plus personne à qui parler. J’ai des questions, peut-être l’une ou l’autre réponse, mais où trouver un interlocuteur véritable, ô Montaigne et vous, Charles Baudelaire, sous le signe douloureux de qui je vis et ressens de plus en plus?

Terre gaste, armures vides. Sordides intérêts ; parasites ; adulescence ; trottinettes. Parcs grillagés et fêtes frauduleuses qui offrent aux humains l’illusion de la gaieté, de la confraternité et des libertés supposément conquises. Je les vois se réjouir, vite, de crainte que la peur et le vertige du vide ne reviennent les envahir. Cela les tient-il chauds dans le néant glacé de ce monde? Oublient-ils la fatigue de leur corps et l’absence qui leur tient lieu de visage lorsque je les croise dans le métro?

– Je ne puis plus les comprendre : comment ne voient-ils pas les évidences noires?

Fenêtres qui ne s’ouvrent plus. Établissements dont les escaliers s’écroulent. Institutions insensées qui tètent nos heures libres ainsi qu’atroces et insatiables nourrissons. Absurdité labyrinthique des règlements, obscurité des priorités. Grossièreté généralisée, parfois devenue inconsciente. Démon de la reproduction irréfléchie. Compromis ineptes et pactes nauséabonds.

Effondrement. (suite…)

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« Les cerfs enfermés dans un parc, offerts hagards et pleins de grâce aux regards distraits, ne se demandent pas : pourquoi avons-nous perdu la grande forêt et notre liberté, mais : pourquoi ne nous chasse-t-on plus ? »

Cristina Campo

 

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« La sprezzatura est un rythme moral, c’est la musique d’une grâce intérieure, j’aimerais dire qu’elle est le temps au sein duquel se manifeste la liberté la plus accomplie d’un destin, inflexiblement mesurée, toutefois, sous un couvert ascétique. Deux vers la contiennent, comme un écrin l’anneau : « Avec un cœur léger, avec des mains légères, prendre la vie, laisser la vie. »

Cristina Campo

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Il est illusoire de croire que nous ne sommes les prisonniers que d’une cage.

Le Démiurge s’est ingénié à façonner un univers-gigogne. Les barreaux sont infinis. Les archontes, qu’il y a lieu de combattre infiniment plus que leur maître, s’acharnent, mais au moins nos yeux peuvent-ils s’ouvrir – s’ils acceptent cette blessure vulnéraire qui a nom liberté.

Liberté : effort constant de libération. Soit, de déconditionnement, de déformatage – d’« un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». Si nous quittons nos cellules, si seulement nous les dérangeons, soudain les étoiles brillent plus intensément dans la Nuit, à l’image des gouttes de sang qui tombent de notre plaie.

Il en va de reconnaître la Mémoire, déesse grecque, mère des Muses, aujourd’hui bâillonnée et dissimulée derrière ce provisoire et pitoyable décorum qu’on appelle « commémoration ».

Il en va de toucher à la Vie. Nous avons un nez, des yeux et des mains… N’eussions-nous encore à nous que notre tête au plus profond cachot du plus noir des bagnes, nous pouvons ressentir et formuler le nécessaire non qui contient une profusion de oui dont la majorité peine à imaginer l’ombre de l’intensité.

Je distingue un homme au nombre de prisons dont il s’est évadé.

 

 

(À Giacomo Casanova)

 

© Christophe Van Rossom, Armes & bagages, à paraître.

 

 

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(En lisant L’Innomabile Attuale)

 

Nous avons créé un monstre sans équivalent, venimeux et multiple ainsi qu’une hydre. Sa menace croît chaque jour. Pondant abondamment, il dévore surtout les têtes, parfois même le crâne de ceux qui s’imaginent avertis. C’est le monde spectaculaire-marchand, hyper-médiatisé, devenu planétaire. La Spiritualité, le Sacré, le Savoir, l’Intelligence, la Pensée vagabonde, l’Art, la Beauté y sont proscrits. Ils sont des vestiges que l’on doit abattre ou des monuments qu’il y a lieu de travestir. Leur sorcellerie antique est l’ennemie.

Autour, alentour, cette pornographie des âmes et des corps n’est cependant pas du goût de tous. Des cauchemars géopolitiques s’esquissent ; de terribles réalités se préparent – quoi que nous fassions. Les indices s’accumulent, cependant que nous continuons de nous enliser dans un sommeil aux rêves formatés, frelatés. Est-il utile de rappeler que la démographie est l’unique loi et le seul tribunal ?

Je ne parle pas ici des justes qui font face à l’Hydre en ses marais indélimités et nauséabonds.

J’évoque ceux qui, se réclamant de la religion, se revendiquant de Dieu même, égorgent, asservissent et prostituent ceux qu’ils disent infidèles – militaires ou civils, hommes ou femmes, enfants et vieillards. Cette démence sacrificielle aux relents d’abattoir a été déjà définie, à un autre moment ; mais il est, pour le pire, des motifs récurrents. Les travaux du Collège de Sociologie sont des archives que plus personne ne consulte. Bataille et Caillois nous manquent tellement. (suite…)

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