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Posts Tagged ‘Vie’

Le monde est une étrange chose, oui, Molière. La crédulité tend la main au mensonge ; ils forniquent, et voici la pressante et pressée opinion qui paraît. Merci de ton secours pour clarifier l’épaisseur des nuées, Valéry.

Les plafonds s’effondrent et me laissent en vie. Le vide anime ma marionnette. Nous allons, elle et moi, en haillons, en aveugles, sur la terre gaste.

Le ciel, de longtemps dévoyé, s’étrécit.

Il n’éclaire plus ni la chasse ni les guerres.

Les terres de maléfice se multiplient. Les grandes plaines sont profanées.

Notre pied le plus valide – merci, ô Oedipe, pour tes leçons, d’où coule encore du sang – ne peut hésiter nonobstant les dangers. Dehors, la nuit est indécise. Dehors la nuit est mauvaise pour les paucitaires.

Et pourtant.

Et pourtant.

À qui s’en remettre, fors Orion?

Je ne m’adresse qu’aux aguerris.

© Christophe Van Rossom, Armes & bagages, à paraître, 2021.

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« La sprezzatura est un rythme moral, c’est la musique d’une grâce intérieure, j’aimerais dire qu’elle est le temps au sein duquel se manifeste la liberté la plus accomplie d’un destin, inflexiblement mesurée, toutefois, sous un couvert ascétique. Deux vers la contiennent, comme un écrin l’anneau : « Avec un cœur léger, avec des mains légères, prendre la vie, laisser la vie. »

Cristina Campo

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Il est illusoire de croire que nous ne sommes les prisonniers que d’une cage.

Le Démiurge s’est ingénié à façonner un univers-gigogne. Les barreaux sont infinis. Les archontes, qu’il y a lieu de combattre infiniment plus que leur maître, s’acharnent, mais au moins nos yeux peuvent-ils s’ouvrir – s’ils acceptent cette blessure vulnéraire qui a nom liberté.

Liberté : effort constant de libération. Soit, de déconditionnement, de déformatage – d’« un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». Si nous quittons nos cellules, si seulement nous les dérangeons, soudain les étoiles brillent plus intensément dans la Nuit, à l’image des gouttes de sang qui tombent de notre plaie.

Il en va de reconnaître la Mémoire, déesse grecque, mère des Muses, aujourd’hui bâillonnée et dissimulée derrière ce provisoire et pitoyable décorum qu’on appelle « commémoration ».

Il en va de toucher à la Vie. Nous avons un nez, des yeux et des mains… N’eussions-nous encore à nous que notre tête au plus profond cachot du plus noir des bagnes, nous pouvons ressentir et formuler le nécessaire non qui contient une profusion de oui dont la majorité peine à imaginer l’ombre de l’intensité.

Je distingue un homme au nombre de prisons dont il s’est évadé.

 

 

(À Giacomo Casanova)

 

© Christophe Van Rossom, Armes & bagages, à paraître.

 

 

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