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Posts Tagged ‘archontes’

Ô les infinies ramifications de la médiocrité! ô les anges aux ramures osseuses qui trompettent de façon ininterrompue le Faux.

Fuis les archontes, les licteurs, leurs agents et les sbires de leurs agents. Les chefs, les sous-chefs, les petits chefs, les kapos, les comptables, les pénalistes, les amants du pouvoir, les prostitués aux forces de l’argent, les négociants en bêtise…

Aucun échange n’est possible avec eux.

En dépit des apparences, rapides, ils ne parlent pas la même langue que toi. Leurs paroles ne résonnent que dans la Prison de Fer.

Ils ne parlent du reste jamais, même si leur voix, omniprésente, omnivore, vocifère dans les oreilles mortes l’ordre nouveau.

 

© Armes & bagages, à paraître, 2019.

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Il est illusoire de croire que nous ne sommes les prisonniers que d’une cage.

Le Démiurge s’est ingénié à façonner un univers-gigogne. Les barreaux sont infinis. Les archontes, qu’il y a lieu de combattre infiniment plus que leur maître, s’acharnent, mais au moins nos yeux peuvent-ils s’ouvrir – s’ils acceptent cette blessure vulnéraire qui a nom liberté.

Liberté : effort constant de libération. Soit, de déconditionnement, de déformatage – d’« un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». Si nous quittons nos cellules, si seulement nous les dérangeons, soudain les étoiles brillent plus intensément dans la Nuit, à l’image des gouttes de sang qui tombent de notre plaie.

Il en va de reconnaître la Mémoire, déesse grecque, mère des Muses, aujourd’hui bâillonnée et dissimulée derrière ce provisoire et pitoyable décorum qu’on appelle « commémoration ».

Il en va de toucher à la Vie. Nous avons un nez, des yeux et des mains… N’eussions-nous encore à nous que notre tête au plus profond cachot du plus noir des bagnes, nous pouvons ressentir et formuler le nécessaire non qui contient une profusion de oui dont la majorité peine à imaginer l’ombre de l’intensité.

Je distingue un homme au nombre de prisons dont il s’est évadé.

 

 

(À Giacomo Casanova)

 

© Christophe Van Rossom, Armes & bagages, à paraître.

 

 

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Le jeu seul, où l’on perd souvent, ne déçoit pas.

Si peu gnostique que l’on soit, on ne peut croire longtemps au pouvoir des archontes et à l’illusion où il croient nous tenir.

Je manipule des petites figurines en plomb que je fais évoluer en enfer. Ceci n’est pas une image. Lorsque je joue avec la gravité légère d’un enfant, j’échappe à la prison.

La pensée libre me paraît moins suspecte que toutes les libres-pensées autoproclamées,  autosatisfaites, repues. Jouant, je l’exerce dans le plaisir. Jouant, je quitte toute défroque susceptible de me laisser cataloguer ou de me prendre au sérieux. Jouant, je me faufile dans l’une des sphères du Temps.

Le jeu est l’unique point commun entre l’art, le sacré, la poésie, l’érotisme, l’humour, « l’enfance retrouvée à volonté ».

J’entends les voix de Caillois et de Huizinga, délicatement recouvertes par la conversation infinie que Nietzsche a initiée avec Bataille.

Jean de La Fontaine range ses dés et hésite : les cartes ou le damier?

© Christophe Van Rossom, Armes & bagages, inédit.

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