Né en 1969, le jour anniversaire de la fondation de Rome, Christophe Van Rossom enseigne à Bruxelles et ailleurs : il digresse sur l’étymologie, la rhétorique, la poétique de la traduction, l’éthique et l’esthétique ; la géopolitique, l’anthropologie culturelle, la symbolique, l’histoire des idées et des courants de pensée, la littérature contemporaine et l’histoire des littératures. Il émet des hypothèses diagonales sur les origines du Spectacle et du Théâtre, s’efforçant de distinguer celui-ci de celui-là. De manière continuée, il dirige par ailleurs un séminaire de réflexion sur l’inquiétante étrangeté au cinéma. La rumeur court qu’il serait en outre psychanalyste de fortune, pirate de la Septième Mer et négociant en vérités qui fâchent.
Membre du comité de lecture des éditions du Cormier et membre fondateur du conseil de rédaction de la revue L’Étrangère, conférencier, auteur de nombreux articles et études, il a publié plusieurs monographies et essais, parmi lesquels Jacques Crickillon : la vision et le souffle, Marcel Moreau : l’insoumission et l’ivresse, et Jacques Cels : un architecte du sens. On lui doit également des livres de création tels Sous un ciel dévoyé, Savoir de guerre et Le rire de Démocrite. Son dernier livre en date, Orion, de nuit, a paru en 2017. Une coquille écorche son prénom sur la quatrième de couverture. Avertissement à peine déguisé. Lorsque l’on chasse, il ne faut pas craindre les égratignures.
Poussé au décryptage des images, quoique rétif à la photographie, Christophe Van Rossom a aussi signé le texte qui tient lieu de postface aux photographies de Sandrine Lopez, dans l’ouvrage qu’elle a consacré à Moshé (éditions d&b, 2017). Il regrette de n’avoir rien écrit encore sur Arkhè.
La guerre prenant à grande vitesse des dimensions protéiformes et des directions folles, il parachève l’écriture d’un projet – d’une veille, d’une veillée – nommé Armes & bagages. Il vient par ailleurs de donner les éléments premiers d’une poétique généralisée, intitulée Dans les forges d’Héphaïstos.
Mais d’autres chantiers s’esquissent. Jean Rustin est un peintre immense. Surgissent Zack Smith et Olivier de Sagazan. Les traques et les menées continuent. L’Italie existe ; Venise contredit toutes les fatalités. Considérez la joie même, surgissant de toutes parts, si neuve et fraîche, dans les estampes, les toiles, les fresques, sacrées ou profanes, d’Antonio Vivaldi ; écoutez les mélodies, plus étranges qu’on ne le pense, qui jaillissent du pinceau du grand Tiepolo. L’aléa fascine. Chaque jour davantage, Christophe Van Rossom prise les jeux et les espaces imaginaires qu’ils déploient, inventent et réinventent. La neurobiologie et les théories du chaos confirment nos intuitions. L’homme de Denisova est né il y a moins de 10 ans. Le passé respire et crée plus que nous.
Même si la Folie et la Mort rôdent, il nous est possible de voir nos cages et de nous en évader.
Le Temps n’est pas l’Adversaire.
L’Amour est une fiction passionnante, labyrinthique, dionysiaque. N’en jamais désespérer, quoi qu’il advienne. À Éros, toutes fêtes dues, toutes libations répandues.
Nos noms doivent être effacés des codex infernaux. Tel est l’unique projet. Plus que jamais, il y a lieu de s’estranger, oui, tout en poursuivant les investigations. Une gnose nouvelle attend. La Beauté ne se rend jamais. L’intelligence peut être délivrée. Le Paradis n’est pas un mythe, mais un souvenir en nous que l’on a effacé. Une longue plongée appelle. Les livres sont le chiffre et la clef. L’urgence est à une résistance lettrée.
Afin de répondre, le lecteur travaille, pas après pas, démuni, à un vaste essai sur Roberto Calasso dont l’épigraphe, qu’il emprunte à l’auteur, pourrait être la suivante : « Mais quelle est la raison de tout ce bouleversement, de cette grandiose migration des dieux? Répondre exhaustivement à cette question signifierait expliquer notre monde, ce qui nous est malheureusement refusé. Mais pour la réponse, nous pouvons disposer d’un certain nombre de points forts. »
L’Académie belge de Langue et Littérature lui a autrefois décerné le Prix Vossaert pour son oeuvre critique.
Références bibliographiques
– Mallarmé facile ? , La Renaissance du Livre, Paroles d’aube, février 2002.
– À Voix haute (Avant-propos de Laurent Six, Frontispice d’Emile Lanc), éditions de l’Ambedui, Bruxelles, juin 2002.
– Jacques Crickillon : la vision et le souffle, Luce Wilquin, Collection L’œuvre en lumière, Avin, 2003.
– Pour saluer le Comte de La Fère [La Leçon d’Athos], William Blake & co., éd., Bordeaux, 2004.
– Marcel Moreau : l’insoumission et l’ivresse, Luce Wilquin, Collection L’œuvre en lumière, Avin, 2004.
– Sous un ciel dévoyé, Proses et vers, éditions du Cormier, Bruxelles, mars 2006.
– Savoir de guerre, éditions William Blake & co., Bordeaux, décembre 2008.
– Jacques Cels : un architecte du sens, Luce Wilquin, Collection L’œuvre en lumière, Avin, 2009.
– Petit traité d’athéologie, Le Cadran Ligné, Saint-Clément, 2010.
– Le rire de Démocrite, proses, Éditions de La Lettre volée, Bruxelles, 2012.
– Orion, de nuit, proses et vers, Éditions de La Lettre volée, Bruxelles, 2016.
– Baudelaire, toujours, Chemin de croix sous forme de cantate, à paraître, 2021?
– Pentacle, précédé par Notes pour un Howard Philips Lovecraft, à paraître, 2021?
– Poe à Venise, à paraître, 2022?
– Armes & bagages, Veillée, à paraître, 2022?
– Éloge du Seul, à paraître, 2025?
– Dans les forges d’Héphaïstos, Éléments de poétique, à paraître, 2025?
– Les Vignes de Manhattan, à paraître, 2026?
Bonjour Christophe Van Rossom,
Je prends beaucoup de plaisir à vagabonder dans votre livre « Le rire de Démocrite ». Un titre « Hiver 1123 » (page 53) me laisse perplexe quant à son rapport avec le texte qui le développe. Je n’en comprends pas le sens.
Pourriez-vous m’éclairer à ce sujet, svp ? Je vous remercie d’avance. Alain Moons.
Cher Monsieur,
Permettez-moi tout d’abord de vous remercier de l’intérêt que vous portez à ce livre.
Il y a deux explications liées de très près à Khayyam qui pourraient élucider le titre. La première serait tout simplement l’année de décès du poète (en exil, car devenu persona non grata sinon homme à abattre) la plus largement retenue par l’Histoire, même si elle est contestée aujourd’hui, et que d’aucuns évoquent la date de 1131.
Simple clin d’oeil, l’autre tiendrait aux travaux de mathématiques spéculatives du « scientifique ». Certains spécialistes considèrent que Khayyam aurait ainsi pu avoir l’intuition de la suite de Fibonacci.
L’énigme me paraît un stimulant poétique puissant, surtout lorsqu’elle joue avec les balances du Temps.
Du reste, 1123 est, à cet égard, entre les occidents chrétiens et les islams un moment d’équilibre, si j’ose m’exprimer ainsi passionnant à étudier – et qui porte dès lors à imaginer…
Cordialement,
Christophe Van Rossom