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Archive for novembre 2017

« L’art d’écrire des livres n’a pas encore été inventé. Mais il est sur le point de l’être. Des fragments comme ceux-ci sont des semences littéraires. Naturellement, il peut y avoir parmi eux de nombreux grains morts, mais qu’importe, pourvu que quelques-uns lèvent! »

Novalis,

Grains de Pollen (1798)

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« La sprezzatura est un rythme moral, c’est la musique d’une grâce intérieure, j’aimerais dire qu’elle est le temps au sein duquel se manifeste la liberté la plus accomplie d’un destin, inflexiblement mesurée, toutefois, sous un couvert ascétique. Deux vers la contiennent, comme un écrin l’anneau : « Avec un cœur léger, avec des mains légères, prendre la vie, laisser la vie. »

Cristina Campo

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« Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi ni à personne : voilà je crois toute la morale. »

Chamfort

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« Elle ne va tout de même pas inventer des mots comme… harcèlement, ou…  sexuel ! »

 

À la Fromagerie Morel, les relations entre les membres du personnel sont au centre des préoccupations.

Monsieur Morel tance vertement Monsieur Duquesne et le prive de RTT suite à une plainte de Madame Carlotta. À la fin de la saynète, cette dernière se montre très enthousiaste à l’idée d’accompagner son patron en fin de semaine, dans sa Laguna d’occasion. Ils se rendront dans les Châteaux de la Loire ou, mieux, au Mont Saint-Michel…

 

Les Deschiens,

Le Harcèlement,

Années 990 du dernier millénaire.

 

 

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« Il y a vraiment des soirs où l’on est au bout de sa vie et où l’on pense à ces étranges « calli » de Venise, qui ont l’air d’être des impasses et qui se continuent par quelque stratagème d’architecture ou de voirie. »

Henri de Régnier

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J’évoque un événement qui devait se produire et qui se reproduira, indépendamment des circonstances supposées. Je parle d’un événement qui a produit à peine quatre jours plus tard comme un écho, sinistre de bêtise. On dirait d’une série de répétitions avec sur scène de mauvaises doublures – en attendant que la première ait lieu avec les vrais protagonistes. Bruxelles n’est plus dans Bruxelles.

L’aède est un nomade qui chante une ville pillée, incendiée, détruite, abandonnée aux barbares. Les peuples grecs ne sont pas venus à Troie pour sauver Hélène ; il en allait d’humilier et de réduire à rien une civilisation aimée d’Apollon et d’Aphrodite. Quand Achille enfonce son glaive dans la gorge d’Hector, c’est pour rassasier le sol d’un sang dont seul Arès est friand, et il faudra que Priam le Juste se prosterne à l’instar d’un esclave devant le fils de Thétis pour que ce dernier lui rende la dépouille méconnaissable du prince sacrifié. Après Troie, il n’y a plus que le souvenir de Troie. Du moins, pour ceux qui murmurent ou entendent encore les rythmes du poète.

 

En date du 11 novembre 2017, le Maroc se qualifie pour la prochaine coupe du monde de football.

Dans les minutes qui suivent, une émeute d’une violence inédite éclate. – Pour fêter l’événement, affirme-t-on ici et , comme s’il s’agissait de désigner ainsi spécifiquement du doigt la communauté des Belgo-Marocains et des Marocains de Belgique? – Ou, plutôt, pour effectuer une expérience sur la réaction que la Belgique adoptera à l’égard de cet acte sans précédent ni motif? – Qui est derrière cela, et pourquoi : deux questions qui ne recevront pas de réponse, je le crains. La théorie des manifestations spontanées a ses limites ; je n’en suis du reste guère adepte. Trois cents personnes, c’est une petite armée. J’ajoute une dernière question : qui a une idée précise de ce qui s’est passé et du déroulé des événements? Nulle part, il n’en est fait mention précisément. Or, cela a duré. Je ne comprends pas. J’aimerais connaître l’histoire derrière l’histoire, ses angles morts.

Relisant cette humeur datée, je note que ces heures de terreur pour les passants, les commerçants et les habitants du quartier, se déroulent presque au moment où, suite à la reprise de Raqqa, le président français annonce la victoire des coalisés, la fin du califat et la défaite de Daech, et rappelle sa décision de mettre un terme à l’état d’urgence – puisque tout, à l’évidence, est revenu à une norme que rehausse son éclat jupitérien.

À quelques heures d’écart, loin d’Abu Dhabi et de son nouveau Louvre rutilant, plusieurs édiles saluent, chez nous, avec une mollesse coupable, l’efficacité, le calme et la dignité des forces de l’ordre dans cette affaire. Or, pas moins de vingt-deux agents ont été blessés, ainsi qu’un individu dont on ne sait rien ; des voitures ont été incendiées, des magasins pillés, et du mobilier urbain détruit, sans qu’il n’ait été procédé à la moindre arrestation. Tout cela, à Bruxelles, au centre-ville, là où la municipalité a offert aux riverains ce magnifique espace de convivialité et de sérénité sauvé des dangers et de la pollution des automobiles. (suite…)

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Pieter de Hooch, Intérieur avec un jeune couple, Metropolitan Museum, New York

Pieter de Hooch, Intérieur avec un jeune couple (1663-65),

Metropolitan Museum, New York.

 

Il suffit d’écouter, car l’oeil écoute, oui, Claudel.

Tout le tremblé d’une seconde résonne, là. Pieter de Hooch est le théoricien génial de l’ailleurs-ici. Ses oreilles perçoivent des fréquences imprévues. Son pinceau les note. Le quotidien, ici, se recompose vie ailleurs. La parole est présente, mais elle ne circule pas forcément entre les êtres. Où rencontre-t-on des hommes et des femmes capables de converser, d’aimer, de bâtir? Je veux dire, de bâtir la fiction de l’échange, la fiction de la communauté?

Je ne sache pas de meilleur commentateur de l’oeuvre du peintre hollandais que l’écrivain belge Jacques Cels. Dans son roman Le dernier chemin (2006), un mystérieux captif s’interroge. Qu’en est-il de la clôture et de l’ouverture? De l’intérieur et de l’extérieur? Nos vies ne seraient-elles pas que dialogue constant entre ces deux principes? (suite…)

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Nuque : basse crissante, violon ou alto déglingué, plutôt que violoncelle. Variations des contrariétés qui sculptent selon leurs lois sans délicatesse ce reposoir malade. Cinquième lombaire : autel où les présents non souhaités se multiplient au son d’une sombre contrebasse. Bras droit : déserteur dont les nerfs à vif depuis deux ans se détraquent en une mélodie grinçante digne de Maldoror.

De ces nuits blanches où œuvre Dame Douleur avec une inébranlable conviction. De son art consommé de la torture aux aiguilles et à la scie, à l’acide et à l’électricité, cependant que le bras, poursuivant un chemin qui n’est pas le sien, impose ses amères décisions à l’instrumentiste dépité – qui progresse pour tromper non le temps, mais la fatalité.

Et au-delà, la dignité qui lui commande, malgré tout, de faire face au cynisme, aux malveillances, au mépris, à l’indifférence au mieux, de tous ceux qui, lui cherchant sans cesse des poux, caressent en réalité le souhait de lui trancher la langue, à défaut de la tête. – Il compose et joue donc, ailleurs.

La testostérone lui innervant toujours généreusement la chair, que cette note de fin souligne que la prégabaline, à la surprise des spécialistes, ne parvient pas à anesthésier un cerveau, qui de son côté orchestre une tout autre cantate, vivaldienne, joyeuse, altière, conquérante, générant çà et là dans la viande assez de molécules de dopamine, de sérotonine et d’ocytocine pour renvoyer au néant le néant.

© Christophe Van Rossom, Armes & bagages, à paraître.

 

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