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Posts Tagged ‘néant’

Aux tirs continus des mortiers du néant, la poésie doit s’efforcer de répondre par de vénitiennes salves de feux d’artifice, adresse aux cieux sombres des seules beautés susceptibles de les faire rayonner.

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Depuis quelque temps, jusqu’à un moment avancé dans l’automne, il me semble apercevoir des mouchettes partout où je m’installe. Je suis couché : elles gênent ma lecture. Tandis que je suis à table, à boire un verre, à écrire, à manger, deux ou trois de ces gêneuses ne manquent jamais à l’appel. Stigmates d’une météorologie qui s’affole, ou hiéroglyphes d’un arrêt à venir.

À l’image, oui, d’un préambule aux mouches vertes et bleues qui, venu l’hiver, vrombiront au-dessus de ma dépouille – goguenarde, chantante, bavarde. Et tombent les grêlons, sur la tête des goules, des spectres et des liches, venus davantage pour s’assurer que tout est bien consommé et que la bête ne nuira plus, que pour la pleurer,  la regretter et offrir au trou béant une rose trempée dans du vin. – Pour l’occasion, un grand Amarone, disons, par un ami aux amis rares proposé. (suite…)

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L’Hadès n’est pas mon lieu de résidence favori. Dante ni Rimbaud ne se complaisent en enfer. Avec quelques entorses, le premier s’y instruit du mal à quoi opposer tout son être et cherche le secret du trasumanare ; le second y rumine sa vie avec une lucidité nouvelle non sans songer toujours à quelque illumination. Giacomo Casanova s’est échappé des Plombs, ainsi qu’il l’avait annoncé. Le corps dispose d’insoupçonnées ressources. La grande santé existe. L’une des expériences du Grand Jeu mérite d’être traversée. Il en va d’une plus grande connaissance de la Nuit. Le néant qu’il y a de l’autre côté enseigne des voies insoupçonnées. Daumal comme Roger Gilbert-Lecomte formulent en une splendeur obscure leurs expériences. J’ai sous les yeux leur Zohar sauvage. Ô Tao de Mars, je reviens bientôt à lire, à écrire et à parler. À me battre. Le moucheron mousquetaire y travaille. Je recommence, dans une difficulté accrue, et je ne tiens pas quitte à mes maux, comme à mes ennemis, d’entraver mes engagements ou mes promesses. Ils en voient, ils en verront, de toutes les couleurs avec moi, mais ils sont tenaces, du moins le croient-ils, bien au-delà des deux coups de sabre, l’un noir, l’autre blanc, qui m’ont déchiré le dos. Je veux dire à ceux que j’aime, à ceux que j’honore et à tous ceux dont je suis le débiteur, que l’oubli n’est pas mon fort. Je reviens. Pardonnez mon silence et croyez bien qu’il n’est ni vide ni muet. J’aperçois déjà quelques lampes qui s’allument. Les Dévas, les Charités sont présentes. La fortuna peut être « pliée », oui Machiavel, pourvu que nous lui échangions une part de notre virtù. Philippe a raison, en tous points. J’ajoute qu’il faut toujours lancer les dés.

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« Toutes choses ne sont qu’accidents vides de sens, créations de hasard, à moins que votre regard émerveillé, tandis qu’il les sonde, ne les interconnecte et ne leur confère un ordre – les rendant divines… »

Wilhelm Willms

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Nuque : basse crissante, violon ou alto déglingué, plutôt que violoncelle. Variations des contrariétés qui sculptent selon leurs lois sans délicatesse ce reposoir malade. Cinquième lombaire : autel où les présents non souhaités se multiplient au son d’une sombre contrebasse. Bras droit : déserteur dont les nerfs à vif depuis deux ans se détraquent en une mélodie grinçante digne de Maldoror.

De ces nuits blanches où œuvre Dame Douleur avec une inébranlable conviction. De son art consommé de la torture aux aiguilles et à la scie, à l’acide et à l’électricité, cependant que le bras, poursuivant un chemin qui n’est pas le sien, impose ses amères décisions à l’instrumentiste dépité – qui progresse pour tromper non le temps, mais la fatalité.

Et au-delà, la dignité qui lui commande, malgré tout, de faire face au cynisme, aux malveillances, au mépris, à l’indifférence au mieux, de tous ceux qui, lui cherchant sans cesse des poux, caressent en réalité le souhait de lui trancher la langue, à défaut de la tête. – Il compose et joue donc, ailleurs.

La testostérone lui innervant toujours généreusement la chair, que cette note de fin souligne que la prégabaline, à la surprise des spécialistes, ne parvient pas à anesthésier un cerveau, qui de son côté orchestre une tout autre cantate, vivaldienne, joyeuse, altière, conquérante, générant çà et là dans la viande assez de molécules de dopamine, de sérotonine et d’ocytocine pour renvoyer au néant le néant.

© Christophe Van Rossom, Armes & bagages, à paraître.

 

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