L’Hadès n’est pas mon lieu de résidence favori. Dante ni Rimbaud ne se complaisent en enfer. Avec quelques entorses, le premier s’y instruit du mal à quoi opposer tout son être et cherche le secret du trasumanare ; le second y rumine sa vie avec une lucidité nouvelle non sans songer toujours à quelque illumination. Giacomo Casanova s’est échappé des Plombs, ainsi qu’il l’avait annoncé. Le corps dispose d’insoupçonnées ressources. La grande santé existe. L’une des expériences du Grand Jeu mérite d’être traversée. Il en va d’une plus grande connaissance de la Nuit. Le néant qu’il y a de l’autre côté enseigne des voies insoupçonnées. Daumal comme Roger Gilbert-Lecomte formulent en une splendeur obscure leurs expériences. J’ai sous les yeux leur Zohar sauvage. Ô Tao de Mars, je reviens bientôt à lire, à écrire et à parler. À me battre. Le moucheron mousquetaire y travaille. Je recommence, dans une difficulté accrue, et je ne tiens pas quitte à mes maux, comme à mes ennemis, d’entraver mes engagements ou mes promesses. Ils en voient, ils en verront, de toutes les couleurs avec moi, mais ils sont tenaces, du moins le croient-ils, bien au-delà des deux coups de sabre, l’un noir, l’autre blanc, qui m’ont déchiré le dos. Je veux dire à ceux que j’aime, à ceux que j’honore et à tous ceux dont je suis le débiteur, que l’oubli n’est pas mon fort. Je reviens. Pardonnez mon silence et croyez bien qu’il n’est ni vide ni muet. J’aperçois déjà quelques lampes qui s’allument. Les Dévas, les Charités sont présentes. La fortuna peut être « pliée », oui Machiavel, pourvu que nous lui échangions une part de notre virtù. Philippe a raison, en tous points. J’ajoute qu’il faut toujours lancer les dés.
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A nessuno, questa cartolina del « loco d’ogne luce muto »
Posted in Nulla dies sine linea, tagged Charités, Dante, Daumal, dés, Dévas, enfer, fortuna, Giacomo Casanova, Grand Jeu, grande santé, Hadès, illumination, Machiavel, Mars, mousquetaire, néant, Nuit, Philippe, Plombs, Rimbaud, Roger Gilbert-Lecomte, Tao, trasumanare, virtù, Zohar on 7 mai 2018| Leave a Comment »
De l’éveil
Posted in Champs du possible, Macles, tagged archontes, Armes & bagages, éveil, cage, cellules, commémoration, déconditionnement, déformatage, Démiurge, Giacomo Casanova, immense et raisonné dérèglement de tous les sens, libération, liberté, Mémoire, Muses, Nuit, prisonniers, tête, univers-gigogne, Vie on 25 octobre 2017| Leave a Comment »
Il est illusoire de croire que nous ne sommes les prisonniers que d’une cage.
Le Démiurge s’est ingénié à façonner un univers-gigogne. Les barreaux sont infinis. Les archontes, qu’il y a lieu de combattre infiniment plus que leur maître, s’acharnent, mais au moins nos yeux peuvent-ils s’ouvrir – s’ils acceptent cette blessure vulnéraire qui a nom liberté.
Liberté : effort constant de libération. Soit, de déconditionnement, de déformatage – d’« un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». Si nous quittons nos cellules, si seulement nous les dérangeons, soudain les étoiles brillent plus intensément dans la Nuit, à l’image des gouttes de sang qui tombent de notre plaie.
Il en va de reconnaître la Mémoire, déesse grecque, mère des Muses, aujourd’hui bâillonnée et dissimulée derrière ce provisoire et pitoyable décorum qu’on appelle « commémoration ».
Il en va de toucher à la Vie. Nous avons un nez, des yeux et des mains… N’eussions-nous encore à nous que notre tête au plus profond cachot du plus noir des bagnes, nous pouvons ressentir et formuler le nécessaire non qui contient une profusion de oui dont la majorité peine à imaginer l’ombre de l’intensité.
Je distingue un homme au nombre de prisons dont il s’est évadé.
(À Giacomo Casanova)
© Christophe Van Rossom, Armes & bagages, à paraître.
De dignitate
Posted in Macles, tagged Boèce, Bruno, Etienne de La Boétie, Giacomo Casanova, Hercule Savinien de Cyrano de Bergerac, Jean Cavaillès, Jean-Paul Michel, Jules César Vanini, Marcel Moreau, Montaigne, Théophile de Viau on 6 juin 2016| Leave a Comment »
Pour Marcel Moreau, Buveur de Déluges
Il n’est pas de révolte statique. Tout rythme est un commencement de révolte. Nous avons perdu non seulement tout sens de la réalité, mais, ce qui est plus grave, nous ne reconnaissons plus sa musique. Je parle de la réalité saignante, désirante, imaginante, jouante, jouissante.
Lorsque les idées deviennent générales, communes, je veux dire communément partagées, c’est-à-dire vulgaires, et qu’elle ne se composent que de clichés bien-pensants qui piaffent d’impatience au désir frauduleux de se calcifier en règles, en règlements, sinon en lois, voire en sacrements, FUIS. Fuis l’homme qui les porte à plus forte raison s’il les colporte.
Ne te laisse jamais cerner ou miner. (suite…)