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Archive for janvier 2015

« (La plus haute espérance, ce serait que tout le ciel fût vraiment un regard.) »

Philippe Jaccottet

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Cross Plains

 

 Au milieu de nulle part,

Entre maïs et désert,

Un carrefour

Sur les mondes

Parfois

S’ouvre –

Ô les caprices de l’Histoire des Hommes!

 Dix ans durant,

Il s’est ouvert,

Jour après jour,

Sans que grand monde

S’en avisât.

 

L’Aquilonie, la Stygie, la Cimmérie

Désignent des royaumes

Qui conjurent le Vide –

Ô l’énigme des puissances de l’Imagination! -,

Des royaumes

Qui dévoilent ce qui

Rédime le Vide

De la vie.

 

Two-Gun Bob 

Merci, H. P. L., ami sincère et bienveillant! –

Marche seul

Marche seul et habité,

Toujours,

Sous la froide lune texane.

Les univers que ses doigts font

Naître du clavier mécanique

Sont une sorcellerie

Propitiatoire.

 

Une épée sombre,

Gravée

De la marque du Phénix,

Couverte de sang

Mental,

Les deux syllabes

D’un nom revenant

Et le baiser d’une balle

Agonisant

Huit heures :

Telle, la gloire du Poète ;

Telle, sa cicatrice de feu et d’acier

Sous le brûlant soleil texan.

 

(Pour Dan Ireland, Vincent D’Onofrio & Renée Zellweger)

© Christophe Van Rossom, Armes & bagages (À paraître).

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En collaboration avec la Librairie Tropismes,

Le 31 janvier 2015,


« Philippe Jaccottet, lecteur et traducteur »
Avec Sami Elhage, lecteur et libraire (Tropismes) ; Bart Vonck, poète et traducteur ; Gérald Purnelle, maître de conférences à L’Université de Liège ; Christophe Van Rossom, écrivain et critique.

11h30 : présentation générale par Sami Elhage
12h : Bart Vonck « Philippe Jaccottet, traducteur de Gongora : l’art de l’effacement »
Pause
14h30 : Gérald Purnelle « L’écriture du vers chez Philippe Jaccottet, poète et traducteur de L’Odyssée d’Homère »
Pause
16h : Christophe Van Rossom « Là où s’intensifie la lecture, croît aussi ce qui sauve » : Philippe Jaccottet, lecteur et traducteur de Friedrich Hölderlin

(suite…)

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Lucrèce

« La mort est très tôt dans la pensée. Peut-être même aussitôt. La pensée est comme un retour de chez les morts », écrit Pascal Quignard dans Mourir de penser.

Préférant l’athéisme à toutes formes de foi, le matérialisme originel au spectre des idéalismes, la chasse à la prise, le cahot des livres à la calcification des idéologies, les révélations du jadis aux clichés de l’instantané, l’errance décillée à la stagnation béate, le dialogue avec les morts à la superficialité du bavardage avec les supposés vivants, la mise à mal de toutes les certitudes au péremptoire des convictions, l’étymologie à la nov-langue, Quignard nous apparaît, aujourd’hui plus qu’hier encore, toucher à la seule joie – qui, si elle ne sauve pas, au moins procure le sentiment d’une certaine justesse, d’une rare justice. Penser, c’est jauger, peser, exercer son sens de la nuance. C’est rêver. C’est progresser à tâtons, entre effroi et merveille, dans les mondes que révèle la langue et les livres. C’est quitter, avec un étrange sourire aux lèvres, l’orbe des discours qui poursuivent un but – lequel se signale le plus souvent par une radicalité dangereuse. « La lucidité est l’état joyeux du cerveau humain. La vision juste. Ni l’effet de loupe ni la vision floue du presbyte ni le gondolement de la myopie ni l’impression lointaine d’un télescope ne s’accompagnent d’une telle joie. Le bon fonctionnement de l’organe, telle est la première joie. Netteté de la vision, panoramie du guet, la lucidité est comme le ciel bleu, aoristique, sans nuages. »

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« Qui entend les poissons quand ils pleurent? »

Henry David Thoreau

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59,2

 

 

Le Qo’ran n’est qu’un livre.

 

Isolée terriblement, en la sourate 59, la phrase qui clôt son deuxième verset invite notre intelligence à interpréter les signes qui apparaissent. Elle brille dans la nuit. Aux assassins, elle préfère les saints. La clairvoyance est fruit d’oiseau chapardeur. Je ne sache de lumière qu’intérieure, et incommunicable. Je ne connais pas même la lumière ; il m’arrive d’entrevoir des lueurs. Elles m’aiguillent sur un chemin où je tâtonne dans le silence et une incertitude pulsante.

 

L’Islam est soumission à Dieu, mais Dieu a voulu que nous fussions libres, comme il a voulu que nous lisions ce livre aussi librement.

 

Tout appelle la connaissance et la pensée, qui libèrent. Où le goût du savoir, où celui de la quête sans objet productif se transmettent-ils encore? Lisons, commentons, creusons sans fin. Que l’angoisse nous habite à égale proportion du rire, et soit racine de nos gestes. Seule la fièvre de qui va son chemin loin des idées calcifiées et instrumentalisées, mérite notre attention ; seule cette essentielle fragilité permet de décrypter les mots et le monde. Le divin n’est qu’une métaphore.

 

Un ancien hadith précise qu’un seul homme instruit est plus fort contre le Démon qu’un millier de fidèles.

 

© Christophe Van Rossom, Le rire de Démocrite 

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“ Nous vivons en 1571. Une atmosphère de Saint-Barthélémy hante les banlieues. Les guerres de religion recommencent. La démocratie est une féroce religion protestante. L’Islam est une terrible religion sexuelle. Il n’y a jamais eu autant de mythes, de concurrences de mythes durant l’histoire humaine, que maintenant : Femme divinisée. Mort adorée. Démocratie plus violente et plus inégalitaire qu’au Temps de Périclès. Guerre du sujet contre lui-même dans la névrose qui n’est que le récit secret de l’assujettissement. Fétichisme technicien. Jeunisme grégaire sauvage. Pis que sauvage : dédomestiqué, psychotique. ”

Pascal Quignard,

Les Ombres errantes (2002)

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