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Archive for août 2014

Fractales

Tout est comme un papyrus déchiré, un fragment : l’espace vide troisième dimension – et ce qui reste d’une éloquence, une force, à faire trembler.

 

Cristina Campo[1]

 

Criez court et vous serez peut-être secourus…

          Georges Henein[2]

I

Mais seulement les atomes, et le vide entre les atomes, affirmait Démocrite.

Ce que nous imaginons constituer une surface plane ou une sphère sans aspérités ni béances, à la lumière physique relève d’une galaxie composée de milliers d’astres et de planètes, séparés par des milliers, des millions, des milliards de kilomètres. Fragments de matière et peut-être de vie, sans lien entre eux sinon le vide cosmique qui les sépare.

Nulle étoile ne scintille sans la nuit.

Le blanc joue avec les phrases qui composent le fragment.

Les phrases sauvent. Les phrases rendent à la vie. (suite…)

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Parue, il y a deux mois environ, sous la forme d’un numéro double, la dernière livraison de L’Étrangère est intégralement consacrée à la théorie et à la poétique du fragment.

Au-delà des textes et de l’introduction des maîtres d’oeuvre du volume, Pierre-Yves Soucy et Olivier Schefer, le lecteur pourra y découvrir, comme à l’accoutumée dans cette belle revue de résistance aux modes et tropismes de l’instantané, une bonne demi-douzaine d’explorations libres de cette forme littéraire, « jeune »encore, diront certains, « déjà datée », affirmeront d’autres. Il n’est que de lire la contribution déroutante et passionnante de Victor Martinez pour se rendre compte que nous n’avons, tout simplement, pas encore sérieusement commencé de méditer la question. (suite…)

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« Lorsque la mort, le pillage, l’incendie, l’extermination campent à votre porte, que Dieu Lui-même faillit à préserver la vie de tous ceux qui L’implorent, égorgés en plein coeur des mosquées, des églises et des synagogues, qu’Il faillit même à protéger Ses Livres saints, ceux que lui-même auraient dictés (quand, deux générations plus tôt, pendant la prise et le pillage de Boukhara, Gengis Khan arriva devant la grande mosquée, il y pénétra à cheval et fit remplir d’avoine à l’intention de ses chevaux les coffres ouvragés contentant le Coran et rien ne bougea sur la terre ni dans les cieux, aucune étoile ne s’éteignit, aucune source ne se tarit, nul séisme ne secoua le sol), quand le ciel fait ainsi cruellement défaut, que seuls règnent sur la terre le silence de Dieu et Son indifférence, que reste-t-il d’autres à faire que de se réfugier dans les mirages et les exorcismes de l’art, d’historier portails et façades, de couvrir murs et coupoles de céramiques bleues pour tenter d’embellir ce qui reste du monde? Quand les prières sont inutiles, quand toutes les supplications sont vouées au néant, quand nul ne vous écoute ni ne perçoit vos cris, ni sur terre ni au ciel, que faire d’autre que d’inventer de nouveaux cieux, des cieux factices, certes, mais parées de faïence et d’azur, des cieux humains, ceux-là, mais au moins proches et présents, face à la désertion et à la cruauté du ciel divin? »

Jacques Lacarrière

La poussière du monde (1997)

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