Le hasard veut que, tout récemment, je retrouve le premier article que j’ai consacré à un livre de Jacques Cels. Il s’agit de la recension d’un volume d’études, très précisément cadastrée, au caractère près, que m’avait demandée Le Carnet & les Instants. C’était il y a vingt-cinq ans déjà.
En une fin de siècle placée sous le signe de la vitesse, où on se laisse volontiers voguer sur les flots cotonneux de l’allégé (cuisine, pensée, humour…), lire un livre vraiment devient une entreprise rare. Et on est heureux dès lors de pouvoir mettre la main sur Le Bathyscaphe car le recueil d’essais de Jacques Cels, récemment paru chez Labor, est bel et bien l’une de ces trop rares immersions dans quelques-uns des plus riches univers du patrimoine littéraire international. À la superficialité et la rapidité des informations qu’on nous assène quotidiennement, il entend, en effet, opposer la patience de l’explorateur des fonds marins, sans laquelle le visage réel de certaines œuvres ne se donnerait sans doute pas à voir.
Rappelons qu’en 1990, également chez Labor, Cels nous avait proposé un Henri Michaux, d’emblée salué par l’Académie, et qu’un an plus tôt, il avait donné, cette fois chez De Boeck, une analyse originale de l’œuvre de l’auteur de L’Érotisme, sous le titre de L’exigence poétique de Georges Bataille. Signalons enfin qu’on lui doit un Montaigne au Château de Gournay, étincelant dialogue dramatique qui fit les beaux soirs du Théâtre-Poème la saison passée. (suite…)