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Archive for septembre 2013

Aux citoyens de sa ville qui le chassaient, Diogène rétorqua : « Vous me condamnez à l’exil, mais moi, je vous condamne à rester! »

 

 

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L’autre jour, à la faveur d’un cours, j’ironise  sur la journée sans voitures. La réaction n’a pas tardé : « De quel droit? Vous ne pouvez pas dire cela. Expliquez-nous pourquoi vous dites cela. » Et l’élève qui m’interpelle de me préciser par ailleurs que ses idoles sont Nicolas Bedos et Gaspard Proust. Les censeurs sont désormais devant nous. Nous devons nous perdre sans cesse en justifications si l’on use d’une certaine liberté de ton. Je suis dans une école, devant un professeur de littérature, j’ai payé mon minerval : qu’il me parle de littérature et qu’on s’en tienne à cela! Il faudra donc que je m’explique, substantiellement, avec l’espoir mince d’avoir entrouvert une porte sur le champ des possibles.

 

Plus aucune révolution n’est imaginable pour cette raison. Le jeu est un souvenir, l’humour une antiquité, la provocation intellectuelle une faute qui appelle sanction. Le fait de ne pas ronronner droit et à heure fixe : voilà le péché ! Je me rappelle, il y a deux ans, avoir dû expliquer à une élève que, commentant Ubu roi, je me sentais en droit d’aborder une critique des dispositifs politiques actuels.

 

Lire et transmettre le goût des livres, c’est aller au plus loin dans toutes les interrogations, même lorsqu’elles démangent, surtout lorsqu’elles font mal. Je nomme art tout affrontement, selon des règles choisies et méditées, du nihilisme protéiforme. (suite…)

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« Le monde n’est pas complètement asservi. Nous ne sommes pas encore vaincus. Il reste un intervalle, et, depuis cet intervalle, tout est possible. »

Yannick Haenel,

Les Renards pâles (2013)

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« Un livre relève à mes yeux de la chance ; s’il s’en trouve un sur votre chemin, comme il m’est arrivé avec Beckett, Rousseau ou cette brochure de Marx, c’est que quelque chose en lui se tient en réserve, et vous est destiné ; les livres font partie du jeu, comme les inscriptions, comme les rencontres : en vous incorporant leurs phrases, vous poursuivez votre métamorphose. »

Yannick Haenel,

Les Renards pâles (2013)

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« La dernière des solitudes est, en un sens, l’autre nom de l’amour : l’univers s’y brûle.

Alors non, je n’étais pas abandonné ; au contraire, j’avais de la chance : j’avais ma solitude. Un tel écart sera bientôt en voie de disparition – aussi rare que le léopard des neiges : à une époque qui est parvenue à réduire chaque désir en lui fixant un prix, la solitude est encore en liberté. »

Yannick Haenel,

Les Renards pâles (2013)

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« Les chiffres ne nous ont jamais intéressés, Jim et moi. Nous avons su dès le départ, il y a quarante siècles, qu’il fallait se méfier de ces bestioles rusées, trompeuses, et souvent d’un rigorisme malfaisant.

Nous nous fions aux battements d’une horloge qui serait sidérale. Pas de cadran, pas d’aiguilles, pas de remontoir. Les heures tournent d’elles-mêmes sans avoir besoin de nous qui les avons pourtant inventées. »

Dominique Rolin

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Beauté piolée

Gloire à Dieu pour les choses bariolées,

Pour les cieux de tons jumelés comme les vaches tavelées,

Pour les roses grains de beauté mouchetant la truite qui nage ;

Les ailes des pinsons ; les frais charbons ardents des marrons chus ; les paysages

Morcelés, marquetés – friches, labours, pacages ;

Et les métiers : leur attirail, leur appareil, leur fourniment.

Toute chose insolite, hybride, rare, étrange,

Ou moirée, madrurée (mais qui dira comment?)

De lent-rapide, d’ombreux-clair, de doux-amer,

Tout jaillit de Celui dont la beauté ne change :

Louange au Père !

(Traduction de Pierre Leyris)

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Tous les milieux puent, salissent, avilissent. La périphérie est plus vaste qu’aucun milieu.

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Celui qui écrit doit s’efforcer à cette ascèse : n’attendre nulle réaction des messages qu’il trace sur les murs en ruine de villes sans vie.

Il n’y a pas d’espoir. Il n’y a que ce que l’on fait. Jusqu’au bout de ses forces.

On n’attend pas, dans un monde de zombies, qu’un mort-vivant vous tende la main et ouvre la conversation.

Qu’est-ce qu’une phrase dès lors?

C’est un geste vain que seuls les rares survivants qui ne s’entretuent pas capteront et dont, peut-être, ils mesureront le sens.

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Relecture en boucle de Zamiatine. Nous autres (1920) est l’une des clés pour saisir notre époque.

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