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Posts Tagged ‘Henri Michaux’

Le hasard veut que, tout récemment, je retrouve le premier article que j’ai consacré à un livre de Jacques Cels. Il s’agit de la recension d’un volume d’études, très précisément cadastrée, au caractère près, que m’avait demandée Le Carnet & les Instants. C’était il y a vingt-cinq ans déjà.

En une fin de siècle placée sous le signe de la vitesse, où on se laisse volontiers voguer sur les flots coton­neux de l’allégé (cuisine, pensée, hu­mour…), lire un livre vraiment devient une entreprise rare. Et on est heureux dès lors de pouvoir mettre la main sur Le Bathy­scaphe car le recueil d’essais de Jacques Cels, récemment paru chez Labor, est bel et bien l’une de ces trop rares immersions dans quelques-uns des plus riches univers du pa­trimoine littéraire international. À la superficialité et la rapidité des informations qu’on nous assène quotidiennement, il en­tend, en effet, opposer la patience de l’ex­plorateur des fonds marins, sans laquelle le visage réel de certaines œuvres ne se donne­rait sans doute pas à voir.

Rappelons qu’en 1990, également chez Labor, Cels nous avait proposé un Henri Michaux, d’emblée salué par l’Académie, et qu’un an plus tôt, il avait donné, cette fois chez De Boeck, une analyse originale de l’œuvre de l’auteur de L’Érotisme, sous le titre de L’exigence poétique de Georges Ba­taille. Signalons enfin qu’on lui doit un Montaigne au Château de Gournay, étincelant dialogue dramatique qui fit les beaux soirs du Théâtre-Poème la saison passée. (suite…)

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« Faute de soleil, sache mûrir dans la glace. »

Henri Michaux

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I

C’était les années d’université, je me souviens. Le temps était ouvert, vacant. Je voyageai beaucoup. Je lisais avec passion. Lorsque j’approchais des auditoires, c’était, le plus souvent, pour débaucher l’un ou l’autre camarade. Dehors appelait. J’aimais ce dévoiement. J’aimais les longues conversations qui suivaient, au Bois de la Cambre tout proche, ou alors dans l’un de ces vieux estaminets du cœur de la ville, peu fréquentés l’après-midi. Je ne comprenais pas que l’on pût perdre autant de temps dans la grisaille et l’odeur rance. Quatre années nous étaient offertes avant que l’on fût tenu à davantage d’obligations. Il fallait vivre. L’amertume de la bière colorait le feu des mots. En particulier, je lisais des auteurs belges, ce que la Belgique de l’époque n’encourageait nullement. (suite…)

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« L’amour, c’est une occupation de l’espace. »

Henri Michaux

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Jacques Cels, Un architecte du sens, Editions Luce Wilquin, Collection L’Oeuvre en Lumière, 2009.

Extrait de l’avant-propos de l’ouvrage

On peut légitimement redouter le pire. Dans nos sociétés occidentales, où les conforts – matériel, d’abord, et spirituel ensuite – se sont substitués à toute idée de recherche personnelle et collective d’exigence d’une vie portée à un plus haut point d’intensité, de lucidité et d’humanité réelle, les espaces de création vrais se font rares. Si le monde va mal, les médias ne cessent d’en accumuler les preuves accablantes, pourquoi en irait-il autrement de la littérature, ce miroir que l’on promène le long de la route que représente notre vie ? Confirmant les analyses d’un William Marx, dans son bel essai intitulé L’adieu à la littérature (Minuit, 2005), l’essayiste Tzvetan Todorov écrivait de son côté récemment : La littérature a un rôle vital à jouer ; mais pour cela il faut la prendre en ce sens large et fort qui a prévalu en Europe jusqu’à la fin du XIXème siècle et qui est marginalisé aujourd’hui, alors qu’est en train de triompher une conception absurdement réduite. Le lecteur ordinaire, qui continue de chercher dans les œuvres qu’il lit de quoi donner sens à sa vie, a raison contre les professeurs, critiques et écrivains qui lui disent que la littérature ne parle que d’elle-même, ou qu’elle n’enseigne que le désespoir. S’il n’avait pas raison, la lecture serait condamnée à disparaître à brève échéance. (Tzvetan Todorov, La littérature en péril, Café Voltaire, Flammarion, Paris, 2007, p.72) (suite…)

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