« Je n’ai vu monstre et miracle au monde plus exprès que moi-même : on s’apprivoise à toute étrangeté par l’usage et le temps ; mais plus je me hante et me connais, plus ma difformité m’étonne, moins je m’entends en moi. »
Montaigne
Posted in Arsenal, tagged Étrangeté, expérience, hantise, Marcel Moreau, miracle, Monstre, Montaigne, Temps on 28 juillet 2020| Leave a Comment »
« Je n’ai vu monstre et miracle au monde plus exprès que moi-même : on s’apprivoise à toute étrangeté par l’usage et le temps ; mais plus je me hante et me connais, plus ma difformité m’étonne, moins je m’entends en moi. »
Montaigne
Posted in Alliés substantiels, Au fil des jours, tagged Bal dans la tête, Marcel Moreau, mort on 4 avril 2020| Leave a Comment »
Marcel Moreau est mort ce samedi 4 avril 2020, dans un EHPAD, à Bobigny. Du coronavirus, écrit-on dans la presse. Il était mon ami. Beaucoup écrit sur lui, sur ses livres, sur son verbe. Les circonstances sont telles que je n’aurai pu le voir une dernière fois. On ne sait jamais quand on embrasse pour la dernière fois qui l’on aime. Ses obsèques seront très esseulées. Un caveau l’attend au Père Lachaise. La citation qui figurera sur sa tombe est sublime. Normal : c’est lui qui l’avait composée à cette intention : « Je suis heureux pour la première fois de ma mort. »
Posted in Arsenal, tagged confiance, crise, images, instincts, Marcel Moreau, Mauvaises pensées, parole, texte on 27 octobre 2017| Leave a Comment »
« La tâche la plus urgente, à notre époque, la tâche humaine par excellence, c’est de donner aux autres par la parole la confiance en eux-mêmes qu’ils n’ont pas, ou n’ont plus. Mais j’irai plus loin : il s’agit aussi, dans maintes circonstances, de mettre en confiance leurs mauvaises pensées. Car souvent, les mauvaises pensées ne sont pas aussi mauvaises que la morale voudrait nous le faire croire. Surtout chez les jeunes, dont les instincts sont révélés par l’image plus que par le texte, et se heurtent à des discours coupés de la vie. Ces mauvaises pensées s’enveniment à force d’être intransmissibles, dans un monde où le langage se referme sur ses clichés, ses présupposés, son catalogue de remèdes abstraits à la crise de l’esprit, alors que cette crise est inséparable de celle du corps. Elles manquent des mots qui les associeraient à la construction de la personnalité, à l’expansion de l’être. Ce sont des foyers d’âpre vérité, mais brûlant en vase clos, sans issue vers une parole capable de les exacerber en révolte, au lieu de les confiner en enfer. Leur inintelligibilité s’accroît de leur claustrophobie. Ne pouvant s’exprimer en passions légitimes, elles couvent des violences absurdes. Elles ne demandent pas à être innocentées, ces mauvaises pensées, elles demandent à être comprises. Comprises, leur chance de créer sera plus grande que leur risque de détruire. Les mettre en confiance, c’est leur apprendre qu’elles ne sont plus seules, sachant que c’est la solitude qui fait la virulence et dégénère en infection. Dans un tel contexte, le langage de l’amour se montre quasi impuissant. Surtout celui qui nous vient tout droit de l’amour abstrait de l’humanité. »
Marcel Moreau,
Morale des épicentres (2004)
Posted in Arsenal, tagged liberté, Marcel Moreau, Monstre on 16 septembre 2016| Leave a Comment »
« La liberté est devenue le mot le plus prostitué de l’histoire des mots et l’Occident est son meilleur client. La liberté est la providence des fainéants, des parasites, des escrocs, des lâches, des mendiants, des médiocres, des assistés, des irresponsables et des dominateurs. La liberté est aujourd’hui, dans nos sociétés vermineuses, l’objection majeure à la liberté de l’esprit. Dans nos démocraties à genoux, la distribution de la liberté s’ordonne comme autant d’éléments épars d’un conditionnement global. La liberté pratiquée par des peuples ou des individus dont la vie intérieure n’est plus rien, sinon l’entonnoir par où s’engouffre la pléthore des invitations à n’être effectivement rien, tout ce que l’imagination moderne produit, à profusion, comme techniques de déliquescence, cette liberté-là a cessé d’être le modèle sur lequel eût pu se fixer le regard des enchaînés, en pays totalitaire. »
Marcel Moreau, Monstre (1986)
Posted in Au fil des jours, tagged Émilie Pothion, Marcel Moreau, Un cratère à cordes on 9 septembre 2016| Leave a Comment »
« CORPS VERBAL dans CORPS CHARNEL, indissociables, écrivant ici présentement d’une même main, au bout d’une bousculade d’impulsions dans le plus « pur » style des retournements d’entrailles, un LIVRE, après tant d’autres, d’égale mordacité, mais celui-ci, peut-être, peut-être, ayant en plus de vouloir dire quelque chose d’inouï, avant sa Mort, chtch, chtch, chtch «
Marcel Moreau, vu par Sandrine Lopez, Paris, 2015.
« CORPS comme se « fanatisant » soudain de mots intraitables, à cette différence près que lesdits mots sont d’essence libertaire, tels les éléments d’une transcendance ne tenant pas en place, et calibrés pour s’opposer sans nuance au vocabulaire carcéral des discours concentrationnaires, pas si rares que ça si l’on songe aux faibles d’esprit qui trouvent matière à s’en fasciner durablement. »
Renvoyant dos à dos systèmes et idéologies, et vitupérant avec style contre les institutions qui affadissent, avachissent et neutralisent, l’œuvre violencelliste de Moreau semble l’expression toujours renouvelée d’un individu soucieux de convertir le tout de la chair en verbe, et de faire de ce verbe l’occasion d’une insurrection vibrante de la chair. Cherchant sa vérité dernière dans les tréfonds et les failles, si elle s’est longtemps définie comme un inhumanisme, peut-être cherche-t-elle davantage aujourd’hui à rendre à l’homme ce qui lui manque le plus : la volonté lyrique d’en être vraiment un, quand bien même ses secondes seraient-elles comptées. (suite…)
Posted in Macles, tagged Boèce, Bruno, Etienne de La Boétie, Giacomo Casanova, Hercule Savinien de Cyrano de Bergerac, Jean Cavaillès, Jean-Paul Michel, Jules César Vanini, Marcel Moreau, Montaigne, Théophile de Viau on 6 juin 2016| Leave a Comment »
Pour Marcel Moreau, Buveur de Déluges
Il n’est pas de révolte statique. Tout rythme est un commencement de révolte. Nous avons perdu non seulement tout sens de la réalité, mais, ce qui est plus grave, nous ne reconnaissons plus sa musique. Je parle de la réalité saignante, désirante, imaginante, jouante, jouissante.
Lorsque les idées deviennent générales, communes, je veux dire communément partagées, c’est-à-dire vulgaires, et qu’elle ne se composent que de clichés bien-pensants qui piaffent d’impatience au désir frauduleux de se calcifier en règles, en règlements, sinon en lois, voire en sacrements, FUIS. Fuis l’homme qui les porte à plus forte raison s’il les colporte.
Ne te laisse jamais cerner ou miner. (suite…)
Posted in Mauvaises pensées, tagged Abdère, Antonin Artaud, Charles Baudelaire, Démocrite, Jacques Crickillon, Marcel Moreau, Philip K. Dick, Yvain on 14 décembre 2013| Leave a Comment »
Posted in Au fil des jours, tagged Augustin, Aurelius Augustinus, Marcel Moreau, Pierre Hamblenne, Retractationes on 19 novembre 2013| 1 Comment »
Posted in Arsenal, Théâtre, tagged Marcel Moreau on 18 septembre 2013| Leave a Comment »
« Quand le corps n’a pas la parole, c’est une mécanique. Quand il l’a, c’est une civilisation. »
Marcel Moreau