Hommage à Marcel Moreau, à la librairie Quartiers latins, à midi, ce samedi 17 septembre 2016, à la faveur de la parution de son livre Un cratère à cordes. L’auteur s’entretiendra avec Christophe Van Rossom. Des lectures, effectuées par mademoiselle Émilie Pothion, viendront ponctuer cette rencontre.
« CORPS VERBAL dans CORPS CHARNEL, indissociables, écrivant ici présentement d’une même main, au bout d’une bousculade d’impulsions dans le plus « pur » style des retournements d’entrailles, un LIVRE, après tant d’autres, d’égale mordacité, mais celui-ci, peut-être, peut-être, ayant en plus de vouloir dire quelque chose d’inouï, avant sa Mort, chtch, chtch, chtch «
Marcel Moreau, vu par Sandrine Lopez, Paris, 2015.
« CORPS comme se « fanatisant » soudain de mots intraitables, à cette différence près que lesdits mots sont d’essence libertaire, tels les éléments d’une transcendance ne tenant pas en place, et calibrés pour s’opposer sans nuance au vocabulaire carcéral des discours concentrationnaires, pas si rares que ça si l’on songe aux faibles d’esprit qui trouvent matière à s’en fasciner durablement. »
Renvoyant dos à dos systèmes et idéologies, et vitupérant avec style contre les institutions qui affadissent, avachissent et neutralisent, l’œuvre violencelliste de Moreau semble l’expression toujours renouvelée d’un individu soucieux de convertir le tout de la chair en verbe, et de faire de ce verbe l’occasion d’une insurrection vibrante de la chair. Cherchant sa vérité dernière dans les tréfonds et les failles, si elle s’est longtemps définie comme un inhumanisme, peut-être cherche-t-elle davantage aujourd’hui à rendre à l’homme ce qui lui manque le plus : la volonté lyrique d’en être vraiment un, quand bien même ses secondes seraient-elles comptées.
Il n’est pas un livre de Marcel Moreau où la pensée, souveraine et soulevante, ne se donne comme un discours, plein de fougue et tout bruissant de rythmes, à jamais recommencé contre les entraves. Un cratère à cordes, son dernier opus en date, ne déroge nullement à cette ligne, fougueusement mélodique. À la fois abécédaire et livre d’heures, ce beau volume tout récemment paru à l’enseigne des Lettres Vives, dans la collection Entre 4 yeux, présente en outre la particularité d’être tout entier rédigé au participe présent – un participe plus fièvreusement présent que jamais, destiné à cravacher les coupables mollesses et l’absence de panache, non moins qu’à ouvrir et à convertir le Désir en une énergie existentielle et poétique où la magnificence musicale des mots célèbre, comme rarement, les noces éperdues du verbe et du vivre. La langue d’une vie, en somme.
Christophe Van Rossom
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