Feeds:
Articles
Commentaires

Posts Tagged ‘Maurice Blanchot’

Fractales

Tout est comme un papyrus déchiré, un fragment : l’espace vide troisième dimension – et ce qui reste d’une éloquence, une force, à faire trembler.

 

Cristina Campo[1]

 

Criez court et vous serez peut-être secourus…

          Georges Henein[2]

I

Mais seulement les atomes, et le vide entre les atomes, affirmait Démocrite.

Ce que nous imaginons constituer une surface plane ou une sphère sans aspérités ni béances, à la lumière physique relève d’une galaxie composée de milliers d’astres et de planètes, séparés par des milliers, des millions, des milliards de kilomètres. Fragments de matière et peut-être de vie, sans lien entre eux sinon le vide cosmique qui les sépare.

Nulle étoile ne scintille sans la nuit.

Le blanc joue avec les phrases qui composent le fragment.

Les phrases sauvent. Les phrases rendent à la vie. (suite…)

Read Full Post »

Ni le silence ni la parole

Un portrait de Louis-René des Forêts

Portrait de Louis-René des Forêts, par Balthus

Portrait de Louis-René des Forêts,

 par Balthus

Nous voilà plus de dix ans après sa disparition, et, pour la plupart d’entre nous, son nom même est parfaitement inconnu.

Pourquoi ?

Comment se fait-il que cet écrivain, qui a traversé le XXème siècle et produit l’une de ses œuvres les plus exigeantes, les plus décisives, demeure dans un tel retrait ? (suite…)

Read Full Post »

« Nous devons renoncer à connaître ceux à qui nous lie quelque chose d’essentiel ; je veux dire, nous devons les accueillir dans le rapport avec l’inconnu où ils nous accueillent, nous aussi, dans notre éloignement. L’amitié, ce rapport sans dépendance, sans épisode et où entre cependant toute la simplicité de la vie, passe par la reconnaissance de l’étrangeté commune qui ne permet pas de parler de nos amis, mais seulement de leur parler, non d’en faire un thème de conversations (ou d’articles), mais le mouvement de l’entente où, nous parlant, ils réservent, même dans la plus grande familiarité, la distance infinie, cette séparation fondamentale à partir de laquelle ce qui sépare devient rapport. Ici, la discrétion n’est pas dans le simple refus de faire état de confidences (comme cela serait grossier, même d’y songer), mais elle est l’intervalle, le pur intervalle qui, de moi à cet autrui qu’est un ami, mesure tout ce qu’il y a entre nous, l’interruption d’être qui ne m’autorise jamais à disposer de lui, ni de mon savoir de lui (fût-ce pour le louer) et qui, loin d’empêcher toute communication, nous rapporte l’un à l’autre dans la différence et parfois le silence de la parole. »

Maurice Blanchot

Read Full Post »

Louis-René des Forêts, … ainsi qu’il en va d’un cahier de brouillon plein de ratures et d’ajouts…, Ostinato, fragments inédits accompagnés de vingt-quatre dessins originaux de Farhad Ostovani, William Blake & Co. Edit., Bordeaux, 2002.

 

A l’origine : un projet. Celui des Editions William Blake & co. de réunir au sein d’un même volume des dessins du peintre Farhad Ostovani, déjà salué par Yves Bonnefoy, et un texte de Louis-René des Forêts. Malheureusement, le décès de l’écrivain devait empêcher de le mener à bien. Sous un titre qui évoque à merveille l’humilité et le rythme de l’écriture de des Forêts, on trouvera néanmoins ici, un bien bel ensemble puisque y dialoguent des fragments inédits du grand œuvre de l’auteur de La Chambre des Enfants et des croquis de d’un mûrier, tout vibrants de la sève même de la vie, signés par Ostovani. Au plaisir de la lecture s’ajoute ainsi l’émotion de suivre un grand artiste d’aujourd’hui dans une quête qui n’a décidément rien à voir avec une affirmation péremptoire de plus de mirages formels qui  s’enchantent de leurs propres virtualités. (suite…)

Read Full Post »


Comment nous attarder à des livres auxquels, sensiblement, l’auteur n’a pas été contraint ?

Georges Bataille, Le Bleu du Ciel

Situation de la critique aujourd’hui

Préalablement à toute interrogation interne sur la fonction de la critique aujourd’hui, il paraît indispensable, sauf à progresser, comme on aime à le faire trop souvent, avec cette naïveté qui consiste à imaginer que les choses vont de soi, de soulever une première question : celle de la réalité même de cette activité aux yeux de ce que l’on dira, simplement, un public. Ma réponse pourra sembler brutale, mais je crois, fondamentalement, que la critique aujourd’hui n’existe plus parce qu’il n’y a plus de lecteurs. Certes, des textes critiques se publient encore, et en quantité, et d’une réelle qualité parfois, mais qui les lit ? (suite…)

Read Full Post »