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Posts Tagged ‘Pieter de Hooch’

Jacques Cels, passeur de lumières

(1956-2018)

 

Fête musicale dans une cour (1677), de Pieter de Hooch (National Gallery, Londres)

Fête musicale dans une cour (1677), de Pieter de Hooch (National Gallery, Londres)

 

Table ronde réunissant Michel Vanden Bossche, Jean-Paul Goux, Jacques De Decker et Christophe Van Rossom.

 Lectures d’Émilie Pothion

 

 « Notre héritage n’est précédé d’aucun testament. »

René Char

 

Un écrivain rare autant que singulier nous a quittés voici un an déjà. Lors de ses obsèques, nombre de ses amis et de ses admirateurs étaient là. Michel Vanden Bossche et Jean-Paul Goux ne purent s’exprimer alors. Jacques De Decker rappela la pureté, la rareté et l’originalité de son œuvre, tout en en soulignant la diversité. Comme d’autres orateurs, à l’instar de Jacques Lemaire, il insista sur l’éthique de Cels : sa générosité, sa disponibilité, sa faculté de travailler au service des autres – à commencer par ses élèves, auxquels il aura transmis son gai savoir durant quarante ans. Une éthique de la loyauté, de la dignité et de la justice, qui s’ourlait d’un humour qui n’appartenait qu’à lui, et qui s’enchâssait dans une véritable approche esthétique de tous les aspects de l’existence. Discret, sélectif, Cels était un athée épicurien et rêveur ; il aimait la lumière, celle d’Italie, surtout ; il fut aussi cette écriture bleue, fluide, coulée qui souhaitait embrasser l’épars afin de l’ordonner au sein d’une architecture elle-même pensée à chaque instant – un jardin où l’on se sentît, au moins un instant, à sa place. Un cloître de sable, en somme. Vigilant, capable de s’exprimer ou d’écrire sur les sujets les plus variés, critique, dramaturge, nouvelliste et romancier, Jacques Cels fut avant tout un militant actif du bonheur. Je veux dire d’un bonheur qui chaque jour se bâtit, à proportion du travail que l’on investit dans cette tâche. Un bonheur lucide, donc, averti des ombres qui menacent, et avant tout de celles qui hantent nos êtres propres.

 

 

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Pieter de Hooch, Intérieur avec un jeune couple, Metropolitan Museum, New York

Pieter de Hooch, Intérieur avec un jeune couple (1663-65),

Metropolitan Museum, New York.

 

Il suffit d’écouter, car l’oeil écoute, oui, Claudel.

Tout le tremblé d’une seconde résonne, là. Pieter de Hooch est le théoricien génial de l’ailleurs-ici. Ses oreilles perçoivent des fréquences imprévues. Son pinceau les note. Le quotidien, ici, se recompose vie ailleurs. La parole est présente, mais elle ne circule pas forcément entre les êtres. Où rencontre-t-on des hommes et des femmes capables de converser, d’aimer, de bâtir? Je veux dire, de bâtir la fiction de l’échange, la fiction de la communauté?

Je ne sache pas de meilleur commentateur de l’oeuvre du peintre hollandais que l’écrivain belge Jacques Cels. Dans son roman Le dernier chemin (2006), un mystérieux captif s’interroge. Qu’en est-il de la clôture et de l’ouverture? De l’intérieur et de l’extérieur? Nos vies ne seraient-elles pas que dialogue constant entre ces deux principes? (suite…)

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