Musique au débotté faite homme, Roger Carel s’en est allé rejoindre les anges du baroque joyeux en sifflant ; à l’instar du personnage de Noiret dans Les Gaspards, Vivaldi l’accueille triomphalement. Il n’est pas le seul. Nombre de points de la Sphère s’alignent sur cet événement. Les Grands Enfants se sont rejoints. Notre enfance fascinée est blessée ; notre adolescence est meurtrie. Nous sommes orphelins d’un théâtre généreux où, avec grâce et largesse, l’échange jouait avec une écoute précise du jeu et de la parole de l’autre. À l’improviste, au besoin. Nulle proposition contemporaine ne remplace ce qui s’est ainsi perdu. Le Paradis va gagner en charme, en éloquence, en vitesse, en surprise. – C’est nous qui demeurons sans voix. En un monde où l’humour devient vestige.
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Sur la disparition de Roger Carel
Posted in Nulla dies sine linea, Théâtre, tagged ange, échange, écoute, éloquence, charme, enfance, générosité, grâce, humour, improviste, Les Gaspards, musique, parole, Philippe Noiret, Roger Carel, Sphère, surprise, Théâtre, vitesse on 29 septembre 2020| Leave a Comment »
Ce 23 février prochain, à midi, hommage sera rendu à Jacques Cels, à la librairie Quartiers latins…
Posted in Alliés substantiels, Au fil des jours, tagged architecture, athéisme, Émilie Pothion, écriture, élitisme, épicurisme, éthique, éthqiue, bonheur, Christophe Van Rossom, critique littéraire, décès de Jacques Cels, dignité, disponibilité, esthétique, Fenêtre musicale dans une cour, gai savoir, générosité, introspection, Italie, Jacques Cels, Jacques De Decker, Jacques Lemaire, Jardin, Jean-Paul Goux, justesse, Justice, Le Cloître de sable, littérature, loyauté, lucidité, lumière, Michel Vanden Bossche, mort, nouvelliste, ombre, Pieter de Hooch, René Char, romancier, singularité, songe, Théâtre on 10 février 2019| Leave a Comment »
Jacques Cels, passeur de lumières
(1956-2018)
Fête musicale dans une cour (1677), de Pieter de Hooch (National Gallery, Londres)
Table ronde réunissant Michel Vanden Bossche, Jean-Paul Goux, Jacques De Decker et Christophe Van Rossom.
Lectures d’Émilie Pothion
« Notre héritage n’est précédé d’aucun testament. »
René Char
Un écrivain rare autant que singulier nous a quittés voici un an déjà. Lors de ses obsèques, nombre de ses amis et de ses admirateurs étaient là. Michel Vanden Bossche et Jean-Paul Goux ne purent s’exprimer alors. Jacques De Decker rappela la pureté, la rareté et l’originalité de son œuvre, tout en en soulignant la diversité. Comme d’autres orateurs, à l’instar de Jacques Lemaire, il insista sur l’éthique de Cels : sa générosité, sa disponibilité, sa faculté de travailler au service des autres – à commencer par ses élèves, auxquels il aura transmis son gai savoir durant quarante ans. Une éthique de la loyauté, de la dignité et de la justice, qui s’ourlait d’un humour qui n’appartenait qu’à lui, et qui s’enchâssait dans une véritable approche esthétique de tous les aspects de l’existence. Discret, sélectif, Cels était un athée épicurien et rêveur ; il aimait la lumière, celle d’Italie, surtout ; il fut aussi cette écriture bleue, fluide, coulée qui souhaitait embrasser l’épars afin de l’ordonner au sein d’une architecture elle-même pensée à chaque instant – un jardin où l’on se sentît, au moins un instant, à sa place. Un cloître de sable, en somme. Vigilant, capable de s’exprimer ou d’écrire sur les sujets les plus variés, critique, dramaturge, nouvelliste et romancier, Jacques Cels fut avant tout un militant actif du bonheur. Je veux dire d’un bonheur qui chaque jour se bâtit, à proportion du travail que l’on investit dans cette tâche. Un bonheur lucide, donc, averti des ombres qui menacent, et avant tout de celles qui hantent nos êtres propres.