Posted in Arsenal, Théâtre, tagged Alfred Jarry, égalité, fraternité, légalité, liberté, Mère Ubu, meurtre de masse, servitude volontaire, sophisme, Ubu, Ubu enchaîné on 25 janvier 2020| Leave a Comment »
« Puisque nous sommes dans le pays où la liberté est égale à la fraternité, laquelle n’est comparable qu’à l’égalité de la légalité, et que je ne suis pas capable de faire comme tout le monde et que cela m’est égal d’être égal à tout le monde puisque c’est encore moi qui finirai par tuer tout le monde, je vais me mettre esclave, Mère Ubu ! »
Alfred Jarry, Ubu enchaîné (1899)
Posted in Au fil des jours, Mauvaises pensées, tagged avenir, égalité, damnation, enfer, folie, fraternité, inégalités, jeu, liberté, malheur, misère, pacotille, penser, phrases, prison, regard, souffrance, touristes on 19 décembre 2019| Leave a Comment »
Lundi soir, pas à pas sous la bruine, fous et malheureux errent, stagnent sur le pavé de l’humide Bruxelles. Je vois des êtres sans présent voués à un long enfer et une foule immense de touristes jouir de leur prison présente de pure pacotille. – Lesquels envier? Où que se porte mon regard, je vois les inégalités ne pas se donner la main.
Saloperie! Tu t’étais pourtant juré de ne pas t’avancer sur ce terrain-là, hors de portée des mots!
Sous son bonnet bleu nuit, je vois, j’entends un homme sans âge ronfler très fortement, assis dans la salle d’attente de la Gare Centrale. Une femme tricote sans laine. À ses pieds, sur un maigre sac, on peut déchiffrer le mot Liberty. Il y a un autre homme, très sale, incapable de se tenir assis, tout tordu littéralement, à un siège d’écart de deux Flamandes bavardes.
De plus en plus souvent, chacun croise dans les rues des gens qui parlent à voix dépenaillée. Je vois la douleur et l’abandon dans cette parole vacante et qui ne hèle personne. Il y a toutefois aussi des aboyeurs très rudes, très rauques, de tous horizons. Ils vous interpellent pour Dieu sait quoi, de l’abîme où danse leur raison.
De l’autre côté, se tient une barbe rectangulaire qui contemple sévèrement ce spectacle. La fraternité est un vain mot et sa signification s’est déjà avérée dangereuse. Plus d’une fois. Pas davantage que moi, il n’est en mesure d’agir face cette addition de misère. – Comment, d’ailleurs? Mais a-t-il perçu les mêmes vibrations que moi ; et quelles conclusions en tire-t-il?
Oserais-je écrire, sans que le désir me vienne que l’on me crache au visage, qu’il est des phrases qui pensent aux gens de rien et de nulle part, et qu’elles ne cessent de méditer notre avenir commun?
Ce peu est mon écot à la souffrance qui croît.
Arrête, arrête ce jeu, tu pues la damnation!
© Christophe Van Rossom, Armes & bagages, à paraître, 2020.
Posted in L'école buissonnière, tagged Épiphane, égalité, Carpocrate, Clément d’Alexandrie, communauté, désir, Dieu, Gnose, Homère, Jacques Lacarrière, Justice, Les Gnostiques, loi, plaisir, Sur la Justice on 30 octobre 2013| Leave a Comment »
En quoi consiste la Justice ? En une communauté d’égalités. Un ciel commun se déploie sur nos têtes et recouvre la terre entière de son immensité, une même nuit révèle à tous indistinctement ses étoiles, un même soleil, père de la nuit et engendreur du jour, brille dans le ciel pour tous les hommes également. Il est commun à tous, riches ou mendiants, rois ou sujets, sages ou fous, hommes libres ou esclaves. Dieu lui fait déverser sa lumière pour tous les êtres de ce monde afin qu’il soit un bien commun à tous : qui oserait vouloir s’approprier la lumière du soleil ? Ne fait-il pas pousser les plantes pour le profit commun de tous les animaux ? Ne répartit-il pas également entre tous ? Il ne fait pas croître les plantes pour tel ou tel bœuf mais pour l’espèce des bœufs, pour tel ou tel porc mais pour tous les porcs, pour telle ou telle brebis mais pour toutes les brebis. La justice, pour les animaux, est un bien qu’ils possèdent en commun. (suite…)
Christophe Van Rossom 