Caroline Cartier et Louis Jourdan, au bord de la piscine,
au bord du gouffre
Me hante la figure de Louis Jourdan grimé en clown durant la longue party nocturne que filme Michel Vianey dans Plus ça va, moins ça va (1977). On peut penser que son enlisement dans les eaux tièdes d’une piscine du Midi constitue déjà un adieu. Le cul de la jeune starlette incarnée par Caroline Cartier est désormais l’unique passion.
Le temps est cyclique. Les années 70 sont à notre époque ce que les années folles ont été aux fascismes. Tous les films de cette décennie – jusqu’à Coup de Torchon (1981) de Tavernier – sont les visions kaléidoscopiques qui annoncent le monde sale où nous respirons.
Ce fut, accessoirement, le dernier moment où les mots n’étaient pas censurés. Où l’on distinguait les degrés, les motifs, le ton et les intentions. Il ne fut pas alors de films si médiocres qu’ils ne dévoilassent la solitude essentielle et les plaies dont nous souffrons aujourd’hui. La gaieté comme l’érotisme y sont souvent non moins naïfs que profondément déprimants. Mais tout, absolument tout, était sauvé en permanence par une folie rococo, un mauvais goût irrécupérable, et des acteurs christiques, capables de racheter un navet par un geste, une phrase, un regard.
Le moment n’est pas à la nostalgie ; c’est d’archéologues clairvoyants dont nous avons un urgent besoin.
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