Le mardi 24 janvier 2012, à 12h40, aux Midis de la Poésie…
28 janvier 2011 par Christophe Van Rossom
Les ombres, les flambeaux, les cris et le silence
Éclats et Ténèbres dans l’œuvre de Racine

Choix des textes et mise en scène d’Emilie POTHION
Avec Amandine BAUWIN, Virginie KROTOSZYNER, Antoine MOTTE dit FALISSE, Emilie POTHION et Simon WILLAME
Que veux-tu, je ne sais si cette négligence,
Les ombres, les flambeaux, les cris et le silence,
Et le farouche aspect de ses fiers ravisseurs
Relevaient de ses yeux les timides douceurs (…)
Britannicus, II, 2.
Ainsi sont posés, dans Britannicus, les éléments qui composent le tableau du ravissement de l’empereur Néron par sa captive Junie. Avec une grande pureté et une puissance évocatoire inouïe, cette énumération révèle ce qu’est l’essence même de la poésie de Racine : un combat entre l’ombre et la lumière, entre la parole et l’indicible, l’humain et ce qui le dépasse. Elle suggère que le théâtre n’est pas seulement un lieu social où l’on s’expose ; il est cet espace paradoxal où l’on cherche à se dérober au monde pour écouter ou proférer des paroles inouïes, accomplir des gestes à la fois sacrilèges et sacrés.
Ourlée de vide et de noir, la parole de Racine perce autant qu’elle accroît l’obscurité et le silence dont elle est issue. Tâchant de rendre compte de ce qui dépasse la raison, elle fait voir et entendre cela même qui met en péril la représentation : Tu frémiras d’horreur si je romps le silence, déclare ainsi Phèdre à Œnone. Les plus violents désirs, les passions les plus noires sont glacés dans une langue d’une maîtrise absolue. La parole du poète dilate ainsi le temps propre au trouble afin d’en saisir la plus vertigineuse image. Avec une précision et une lucidité sans égales, elle offre à voir ce moment où, ébloui et fasciné, l’homme se penche sur ses propres ténèbres et ne finit pas d’en contempler la noirceur, l’étrangeté éperdue.
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