Yves Bonnefoy nous a quittés au début de l’été.
Aujourd’hui, le sculpteur Ousmane Sow décède à Dakar.
Il y a quelques semaines le Prix Nobel de littérature est attribué à Bob Dylan, qui l’accepte, et Donald Trump est élu 45e président des États-Unis. Le raz-de-marée est sans précédent. La carte des States est rouge à l’exception de quelques îlots bleus sur les côtes. L’extrême-droite européenne est la première à saluer cette victoire. Kim Jong-un ne se tenait plus d’aise en lui adressant son télégramme de félicitations.
J’ai sous les yeux une photo de Vladimir Poutine. Il monte un cheval torse nu.
En France, le catholique François Fillon, inféodé à Poutine, est adoubé par la Droite. À cette heure, il paraît impossible qu’il ne devienne pas le nouveau président de la République après que l’inexistant Hollande aura fait ses valises.
Il semble que l’aire géographique dominée par Daech diminue, essentiellement grâce à l’action militaire des Russes, désireux de maintenir Bachar el-Assad au pouvoir. Il est d’autres radicalismes. Il est d’autres tyrans. Ils viennent. Ils sont là.
La Turquie laïque, marquée par un coup d’état (mal)heureusement écrasé, devient la plaque tournante de la géopolitique nouvelle. Soutenu par Trump, qui ne cache pas sa sympathie pour Poutine, Recep Erdogan transforme sous nos yeux son pays en un néo-sultanat ottoman. L’Islam y redevient prépondérant, étouffant, liberticide, criminel. L’Europe accepte d’être rançonnée et tremble devant ses diktats.
Poutine, qui hait le président turc élu, est le premier à le féliciter d’avoir maintenu la démocratie dans son pays. On le voit lui serrer la main sur plusieurs photos. L’annexion de la Crimée et peut-être de l’Ukraine a un prix.
Nous vivons les dernières heures de l’OTAN. Le Brexit éloigne les Britanniques de l’Europe. Contre l’islamisme, la seule carte jouable est infecte et suppose des compromissions qui puent les Accords de Münich.
Le monde continue de rouler. Comme une bille aveugle propulsée par personne.
Que puis-je, sinon m’en faire le secrétaire indocile, gnostique?
Bienvenue dans le désert du réel!
(Pour Gérard Chaliand)
© Armes & bagages, à paraître.
Christophe Van Rossom 
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