Christophe Van Rossom prononcera une conférence intitulée
Thomas De Quincey, ou L’Archéologue des Ombres
Il y aurait à écrire une histoire des écrivains inclassables. De ces auteurs qui écrivent, ne cessent d’écrire – mais quoi au juste ? Thomas De Quincey (1785-1859) prisait le style, l’élégance, la singularité, l’humour et l’érudition. Il n’appartint à proprement parler ni à son époque ni à aucun courant esthétique dominant. Cet opiomane aimait la subversion tranquille. Les faits, les êtres, les pensées, les valeurs et cet espace étrange que l’on peut nommer imagination, retenaient chacune de ses minutes. Comme Aulu-Gelle, Montaigne ou Thomas Browne, il sut ce que désignait ce vocable vertigineux : le Temps. Il le voyait vibrer et bourgeonner, irradier ou alors soudain s’invaginer et se creuser en abîme. Grand résistant lettré, il s’adonna avec bonheur ou inquiétude, mais toujours avec ce sens très anglo-saxon du jeu, à une littérature spéculative sans équivalente à son époque. Borges ne le tint pas en haute estime pour rien, on s’en doute. Il feignit de donner des textes autobiographiques ou des vies, des souvenirs ou des analyses, des narrations gothiques ou des comptes rendus. En réalité, il écrivait. Je veux dire qu’il passa son existence à explorer l’intérieur des grottes du Temps. Afin, peut-être, d’y découvrir, mieux qu’un matériau à exploiter, un interlocuteur enfin digne.
La plupart des œuvres traduites en français de Thomas De Quincey sont disponibles en Imaginaire Gallimard, chez José Corti et au Promeneur. On trouve enfin depuis, le 21 avril dernier, un choix significatif de ses livres dans la Bibliothèque de la Pléiade.
© Christophe Van Rossom
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