Christophe Van Rossom évoquera le travail graphique de Pierre-Yves Soucy.
Poète est, par essence, celui qui crée, celui qui fait. Il y a, il devrait y avoir forcément toujours, dans sa démarche quelque chose qui touche à l’étreinte contrariée de ce que Rimbaud nomma « la réalité rugueuse ». Lorsque Pierre-Yves Soucy laisse les mots pour aborder l’univers des formes et des couleurs, c’est toujours, intensément, le terrien qui en lui s’avance le premier. Les pastels trempés, le fusain compressé, l’encre, plus rarement, le graphite autrefois, ne s’animent que pour se porter au devant des assomptions du hasard que ne manquera pas de faire surgir le papier du Chiapas, frappé, massé, martelé, imbibé. Rien d’abstrait, par conséquent, ici, mais pas davantage de figuration au sens classique du terme. Plutôt la rencontre entre les deux, de l’un vers l’autre, en un espace de lisière, cher au poète, où la forme imprévisible, imprévue, ne se calcifie jamais dans la forme, mais sans cesse fait signe vers ce qui la dépasse, ainsi que de l’apparition soudaine de grands feux dans la nuit blanche et sans étoiles.
De tous les côtés le ciel remue, écrit Pierre-Yves en une suite intitulée À l’extrême couchant, pour ajouter un peu plus bas que voir est respirer.
Lorsque la gorge se noue, que la voix défaille, que le langage vacille et court le risque de ne recueillir plus de la sève des mots qu’un peu d’eau boueuse, peut-être est-il temps alors de se laisser guider par ses mains et par ses yeux seulement et, donnant leur chance aux passages sans fin de la couleur sur le papier indocile, d’ouvrir l’espace à des formes aléatoires qui permettront, alors, au guetteur de traverser l’écart et de nous livrer de nouvelles observations du monde renouvelé.
L’exposition Formes aléatoires se tiendra du 9 au 31 mars 2012, dans le quartier Dansaert, à l’espace CLJP Originals, 5, rue de la Clé, à 1000 Bruxelles.
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