Christophe Van Rossom prononcera une conférence intitulée
La neige piétinée est la seule rose
Présence d’Yves Bonnefoy
Ici ou là
Une flaque encore, trouée
Par un brandon de la beauté en cendres.
La vie errante (1993)
Dès les années 50, avec la publication de Du mouvement et de l’immobilité de Douve (1953), puis de Hier régnant désert (1958), le regard critique ne s’y est pas trompé : une grande conscience poétique était née. Quelques-uns avaient déjà remarqué ce jeune homme, de petite taille, mathématicien de formation, à la voix rocailleuse et à l’intelligence affûtée. Il avait lu très attentivement Baudelaire, Rimbaud et Mallarmé, fréquenté André Breton et l’atelier d’Alberto Giacometti. Il connaissait l’art italien comme personne et traduisait déjà Shakespeare. Il voyageait. Bientôt, il enseignerait et prononcerait de mémorables conférences partout dans le monde, fondant par ailleurs en 1966, avec Michel Leiris, André du Bouchet, Paul Celan et Louis-René des Forêts, une des plus prestigieuses revues du XXème siècle : L’Éphémère. Il deviendrait aussi, en 1981, titulaire d’une chaire de poétique comparée au Collège de France.
Jean Starobinski, qui voue au poète une admiration sans bornes, tient sa prose – celle de L’arrière-pays (1972) et des récits en rêve – pour l’une des plus belles de la langue française. Henri Thomas, de son côté, tenait sa pensée pour éminemment courageuse sinon vitale.
Les hommages internationaux, les colloques, les prix se succèdent depuis de très nombreuses années maintenant. Au nom de la poésie, Yves Bonnefoy les accepte avec humilité, mais il sait plus que jamais que son devoir est de rappeler et d’illustrer que, dans un monde où la beauté se trouve humiliée, bafouée ou violentée, le grand enjeu, entre image et présence, demeure de la formuler. Il sait, oui, que la neige piétinée est la seule rose.
Lectures de Jacques Neefs
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