Thierry Horguelin s’entretiendra avec Christophe Van Rossom, à l’occasion de la publication, aux éditions de La Lettre volée, de son dernier livre, intitulé Le rire de Démocrite.
Tous les lecteurs le savent : nos bibliothèques forment des labyrinthes à notre image. Ce ne sont point de froids conservatoires mais des organismes vivants, à l’instar des auteurs qui les peuplent et avec lesquels se noue un dialogue imaginaire à peu près continu.
Il suffit de fermer les yeux pour se retrouver conversant avec Pétrone ou Thomas De Quincey, déjeunant avec Horace ou déambulant de nuit dans Paris avec Nerval. Né d’un tel commerce, Le rire de Démocrite, après Sous un ciel dévoyé et Savoir de guerre, est un livre de lecteur autant que d’écrivain – c’est en vérité la même chose. Cent courts textes le composent, tenant tour à tour – ou tout à la fois – de l’aphorisme, du petit traité, du poème en prose, de l’exercice d’admiration, de la biographie brève chère à Borges et à Marcel Schwob, et de la bombe à retardement – car ce livre de ferveur est aussi un livre de combat. Contre le vague, l’avachissement, les idées courtes de l’époque, Christophe Van Rossom met en pratique une morale du style qui se refuse à séparer la poésie et l’essai, le savoir et l’ivresse, la passion et l’intelligence, la lucidité altière, la jubilation et le plaisir aristocratique de déplaire. De Démocrite au rire abrasif et solaire, il retient « l’absence souveraine d’illusion, la volonté de discerner, la capacité à bâtir un savoir, une pensée et une éthique praticables, mais aussi [la] théorie du hasard, [le] relativisme sensualiste, le concept sublime enfin d’équilibre dynamique ». « Nul homme encore n’a marché. Apprenons au moins à rire. »
Thierry Horguelin
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