Celui qui veille sur la nuit n’a pas de père.
Frère de Thanatos, Hypnos est engendré par Nyx. C’est ainsi que l’orphelin doit demeurer conscience de l’origine et proximité de la fin, nos communes torches.
Le mythe lui prête un pouvoir qui opère sur les dieux autant que sur les mortels. À l’instar d’Océan, Zeus en fera les frais, à deux reprises. Personne n’échappe aux appels de l’envers.
En guise de remerciement pour son aide, Héra le gratifie d’une compagne – une Charité, aux vertus non moins énigmatiques que ses origines. Je cherche encore la clef du nom de Pasithéa. L’Aînée serait-elle la souveraine secrète, universelle, dont nous manquons ?
Pour apaiser l’angoisse causée par les mondes inconnus qu’il suscite et creuse, Hypnos engendre Morphée, le « Bon Sommeil » (comme en Provence on dit le « Bon Dieu »), nous laissant tout de même à penser qu’il en est de mauvais.
Ce n’est pas le moindre des paradoxes de réaliser que, guetteur, le Sommeil ne dort jamais.
(Pour René Char)
© Armes & bagages, à paraître.
Votre commentaire