Février 2011, Fukushima radicalise, nous explique-t-on, la conscience écologique mondiale. La société japonaise est la seule en réalité à réagir avec intelligence et dignité, sur le moment et au-delà. On ne mesure rien, mais l’on préconise abondamment.
Entre ces deux dates et au-delà, les pseudo-printemps arabes font applaudir les imbéciles, Les « Indignés » imaginent s’indigner. Les donneurs de leçons de l’Empire du Bien s’en donnent à coeur joie. La confusion des valeurs, des ordres et des priorités triomphe.
La crise économique et financière occidentale achève de laminer la classe moyenne. La bourgeoisie active, réactive, pleine d’élan et d’allant, née dans quelques cités états de l’Italie à la fin du Moyen Âge, agonise. L’économie réelle n’est plus qu’un souvenir. L’hypermédiatique et le virtuel gouvernent.
Un développement démographique inepte dont seuls les Chinois (qui s’assurent de plus en plus la totale et tranquille maîtrise du globe) prennent la mesure, menace.
Une haine accrue pour l’érudition et l’intelligence s’affirme partout, avantageusement remplacées par le culturel ou l’événementiel, ainsi que le résumé journalistique erroné, si ce n’est la sensiblerie humanitariste ou l’émotion dangereuse. On traque les êtres asynchrones, les historiens et les antiquaires. L’analyse s’est effacée devant l’idée ou la phrase du jour. Les « petites phrases » remplacent les grandes. On ne pense plus ; on répète des slogans. L’esprit de nuance erre telle une ombre dans les couloirs et les salles de nos établissements scolaires.
Une méconnaissance de plus en plus vaste et commune du passé paralyse toute action présente et ne réserve qu’un avenir de ténèbres. Commémoration et mémoire s’opposent comme surface et profondeur.
L’imagination et la créativité se trouvent partout mis à mort au profit d’une dictature de la supposée Vérité, de la Réalité toute-puissante et du Voyeurisme le plus sordide. Désormais on appelle cinéma les prequels de remakes de remakes.
Partout, la Vulgarité, le Fric et la Connerie autosatisfaite dominent, épaulés par une puérilisation générale des comportements. L’adulescence est prodigieusement rentable.
Comme on ne sait plus rien, immémorieux et heureux de l’être, on voit aujourd’hui dans le pusillanime un audacieux et dans le copiste un créateur.
Alors qu’en France, l’on songe à panthéoniser un menteur cacochyme, promu déjà de son vivant à la béatification laïque, les Diables rouges accèdent pour la première fois de l’histoire – car l’Histoire, désormais, est celle-là – au 6ème rang du classement des meilleurs footballeurs du monde
– si bien qu’en un long instant sidérant,
la Belgique se dit qu’elle va mieux,
sous le regard triste de deux pandas géants
Gagnés de haute lutte par des sourires commerciaux
Et un assourdissant silence progressiste.
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