On me demande çà et là de rappeler le contenu de l’Édit de Thessalonique, promulgué par Théodose, en 380, et drastiquement appliqué dans tout l’Empire en moins de dix ans, si je ne m’abuse. J’en profite aussi pour souligner qu’il fut le premier, pour les raisons que l’on devine, à promulguer une loi condamnant à mort l’homosexualité et qu’il fit interdire les Jeux Olympiques en raison de leur caractère insupportablement païen. Des bibliothèques furent anéanties, des statues martelées, des temples dévoyés. Les écoles philosophiques fermèrent les unes derrière les autres, sans autre choix possible. Quelques sages émigrèrent, d’autres durent vivre et penser cachés, dans la terreur d’être dénoncés.
Pour notre bien à tous, et afin que le seul ordre acceptable régnât enfin sur l’Empire.
Longtemps, je me suis interrogé sur les raisons qui avaient conduit la plus grande intelligence de l’époque à renoncer aux errements de sa vie passée et à opter pour le christianisme, dont la pauvreté intellectuelle très tard pourtant ne laissa de l’affliger. L’on date, je crois, la conversion d’Augustin de Thagaste au mois d’août 386. Établi à Milan, capitale de Théodose, Aurelius Augustinus avait alors 32 ans.
En voici donc, pour mémoire, une traduction qui me semble en respecter l’esprit aussi bien que la lettre :
« Édit des empereurs Gratien, Valentinien II et Théodose Auguste, au peuple de la ville de Constantinople.
Nous voulons que chaque peuple que gouverne la modération de Notre Clémence se soumette à la religion que le divin Apôtre Pierre a apportée aux Romains, comme l’affirme une tradition qui, depuis lui, est parvenue jusqu’à ce jour, et qu’il est clair que suivent le pape Damase Ier et l’évêque d’Alexandrie, Pierre, homme d’une sainteté apostolique : c’est-à-dire que, en accord avec la discipline apostolique et la doctrine évangélique, nous croyons en l’unique Divinité du Père et du Fils et du Saint-Esprit, dans une égale Majesté et une pieuse Trinité.
Nous ordonnons que ceux qui suivent cette loi prennent le nom de Chrétiens Catholiques et que les autres, que nous jugeons déments et insensés, assument l’infamie de leur hérésie. Leurs réunions ne pourront pas recevoir le nom d’églises et ils seront l’objet, d’abord de la vengeance divine, pour être ensuite châtiés à notre initiative personnelle, que nous avons adoptée conformément à la volonté céleste.
Fait le troisième jour des calendes de mars, à Thessalonique, Gratien Auguste étant consul pour la cinquième fois et Théodose Auguste pour la première fois. »
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