Le jeu seul, où l’on perd souvent, ne déçoit pas.
Si peu gnostique que l’on soit, on ne peut croire longtemps au pouvoir des archontes et à l’illusion où il croient nous tenir.
Je manipule des petites figurines en plomb que je fais évoluer en enfer. Ceci n’est pas une image. Lorsque je joue avec la gravité légère d’un enfant, j’échappe à la prison.
La pensée libre me paraît moins suspecte que toutes les libres-pensées autoproclamées, autosatisfaites, repues. Jouant, je l’exerce dans le plaisir. Jouant, je quitte toute défroque susceptible de me laisser cataloguer ou de me prendre au sérieux. Jouant, je me faufile dans l’une des sphères du Temps.
Le jeu est l’unique point commun entre l’art, le sacré, la poésie, l’érotisme, l’humour, « l’enfance retrouvée à volonté ».
J’entends les voix de Caillois et de Huizinga, délicatement recouvertes par la conversation infinie que Nietzsche a initiée avec Bataille.
Jean de La Fontaine range ses dés et hésite : les cartes ou le damier?
© Christophe Van Rossom, Armes & bagages, inédit.