Christophe Van Rossom s’entretiendra
avec Jean-Paul Michel
à la faveur de la parution du volume
Écrits sur la poésie (1981-2012)
Jean-Paul Michel, vu par Guillaume Bonnaud
(© Sud-Ouest Dimanche)
Rêvant, on peut imaginer le tableau suivant : Hölderlin conversant avec Hopkins, qu’encadreraient Dante et Georges Bataille. De part et d’autre de la table, il y aussi Baudelaire, Gracián, Nietzsche et Rimbaud, Pascal et Dostoïevski, Blake, bien sûr, Homère, et Mallarmé. On croit rêver cette scène – on aimerait dire : cette cène. On ne la rêve pas. Ami de la peinture autant que la vraie littérature, Jean-Paul Michel la représente sous nos yeux depuis environ quatre décennies, que ce soit en éditant ou en publiant des livres de poésie – mais aussi, sous forme continue ou fragmentée, sous forme de lettres ou d’entretiens, en donnant avec une juste parcimonie des textes de réflexion sur la question de la Beauté, de l’Art, du Réel, de la Justice ou de la Vérité.
Avec eux, et bien d’autres, Michel n’a de cesse de refuser radicalement la petite sollicitation. Il en va de l’essentiel de la Vie. Et cet essentiel à ses yeux n’a qu’un nom : la Poésie. À l’exact opposé des minimalismes, des cynismes ou des défaitismes ambiants, Michel se veut en effet le poète des plus grandes ambitions : « si Dante est possible deux mille ans après Homère, je ne vois pas pourquoi il ne serait pas possible deux mille ans après Dante. »
La poésie ne vise qu’à un but : l’arrachement à la vie inessentielle. Seuls valent les livres qui nous le rappellent avec éclat et audace. Nous savons qu’ils ne se bousculent pas au portillon en ces temps de vents mauvais. Et voilà pourquoi tendre l’oreille à ce poète condottiere qui entend transmuer le temps néant en beauté et présence, est plus urgent aujourd’hui que jamais.
Orientations bibliographiques
Pour la majorité d’entre elles, on retrouvera les œuvres de Jean-Paul Michel rassemblées depuis une quinzaine d’années maintenant aux éditions Flammarion.
– Le plus réel est ce hasard, et ce feu. Cérémonies et sacrifices. Poèmes 1976-1996, Flammarion, Paris, 1997. Nouvelle édition corrigée, 2006.
– « Défends-toi, Beauté violente !, Intimations et expériences, Poèmes, 1985-2000, Flammarion, Paris, 2001.
– « Je ne voudrais rien qui mente dans un livre », suivi de « Défends-toi, Beauté violente ! » (édition nouvelle), Flammarion, Paris, 2010.
– Écrits sur la poésie (1981-2012), Flammarion, Paris, 2013.
On lira aussi avec profit les deux volumes suivants :
– Bonté seconde, Coup de dés, sous la direction de Tristan Hordé, Joseph K., Nantes, 2002.
– L’Atelier de Jean-Paul Michel, sous la direction de Jean-Paul Bota, Le Préau des Collines N°10, Paris, 2009.
On pourra enfin consulter sur ce site plusieurs textes, articles ou études consacrés à Jean-Paul Michel au fil des années, ainsi qu’un entretien à trois voix sur la question de la poésie, auxquels Pierre-Yves Soucy et lui s’étaient prêtés avec moi-moi-même, à l’occasion de la parution d’un volume d’hommage consacré au poète belgo-québécois. Son titre, programmatique, Rien n’est réel comme « l’impossible » avait été imaginé par Michel.
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