Hommage à Michel Lambiotte
Naviguant au sein de l’aire que dessinent ces derniers livres, je voudrais saluer la dynamique d’écart qu’esquisse à mon sens la totalité de la démarche poétique de Michel Lambiotte. Le siège secret de la nuit (Replis d’ombre, p.16), la page constellée, le fragment noté, le poème lapidaire, l’interstice à peine lumineux sont pour lui autant d’occasions en effet, m’apparaît-il, de dénier au temps frauduleux du diurne – temps social, professionnel, familial – un peu de sa puissance hégémonique et d’y installer sans cesse leurs salubres hétérochronies et hétéroptopies (Foucault). Lambiotte n’est pas l’écrivain de la prose grise du quotidien. Ne le passionne que l’urgence de l’éclat que la matérialité même de son texte fait surgir. La réalité ne retient guère son attention, il lui préfère bien davantage les promesses construites du réel. La poésie n’est pas qu’écriture, elle est un mode de vie, éminemment solitaire, non moins qu’une quête, discrète mais insistante, osons le mot, d’un bonheur sans aveuglement. Celui de parler autrement. (suite…)